Occitan — Wikipédia
Occitan occitan, lenga d’òc | ||
Aire linguistique de l'occitan moderne. Situation au début du XXe siècle. | ||
Langues filles | aguiainais, caló occitan, catalan[1], francitan, lingua franca, monéguier | |
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Pays | Espagne, France, Italie, Monaco[2],[3] | |
Région | Occitanie, que se partagent les régions administratives espagnoles, françaises, italiennes et monégasques de : Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, Catalogne (Val d'Aran), Calabre (Guardia Piemontese), Centre-Val de Loire[4], Ligurie (Vallée de la Roya), Monaco (Cité-État), Occitanie, Piémont (Vallées occitanes) et Provence-Alpes-Côte d'Azur. | |
Nombre de locuteurs | De 0,22 à 12 millions selon les sources. La majorité des estimations oscillent entre 1 et 4 millions[5].
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Nom des locuteurs | occitanophones | |
Typologie | accentuelle, flexionnelle, SVO + VSO | |
Classification par famille | ||
Statut officiel | ||
Langue officielle | Catalogne[13],[14],[15],[16] (Langue co-officielle en Catalogne, devant être utilisée de manière générale bien que non prioritaire dans le Val d'Aran) Espagne (Constitution espagnole[17]; utilisation autorisée au Congrès des députés espagnols[18],[19]) Italie[20] (Langue reconnue à usage facilité) 109 communes ont déclaré leur appartenance à la minorité occitane. Eurorégion Pyrénées Méditerranée (Langue co-officielle: catalan, espagnol, français, occitan; cependant l'occitan ne sert pas de langue de travail)[21] Communauté de travail des Pyrénées (Langue co-officielle: basque, catalan, espagnol, français, occitan)[22],[23] Communauté d'agglomération du Pays Basque[24] | |
Régi par | Norme classique Conselh de la Lenga Occitana (CLO) Fondé en 1996. oc:Academia Occitana (Consistòri del Gai Saber) Organisme concurrent du CLO depuis 2009. Congrès Permanent de la Lenga Occitana (CPLO) Organisme concurrent du CLO depuis 2011[25]. Il a repris les prescriptions du CLO[26]. Institut d'Estudis Aranesi - Acadèmia aranesa dera lengua occitana (IEA) Adaptation normative propre à l'aranais.[27],[28] Norme mistralienne Félibrige Fondé en 1854. Counsèu de l'Escri Mistralen (CEO) | |
Codes de langue | ||
IETF | oc | |
ISO 639-1 | oc | |
ISO 639-2 | oci | |
ISO 639-3 | oci | |
Étendue | langue individuelle | |
Type | langue vivante | |
Linguasphere | 51-AAA-f – gascon + bearnés51-AAA-g – provençau + lengadocian | |
Glottolog | occi1239 | |
Échantillon | ||
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme[29] (autres dialectes et graphies de l'occitan) Languedocien, norme classique | ||
Carte | ||
Variétés régionales de l'occitan. | ||
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L’occitan ou langue d’oc[30] (en occitan : occitan , lenga d'òc ) est une langue romane[31] parlée dans le tiers sud de la France, les Vallées occitanes (Piémont et Ligurie) et Guardia Piemontese (Calabre) en Italie, le Val d'Aran (Catalogne) en Espagne et à Monaco[2]. L'aire linguistique et culturelle de l'occitan est appelée l’Occitanie ou Pays d'Oc.
Au cours de son histoire, l'occitan a connu différentes appellations générales, notamment provençal[32],[33], limousin, gascon, catalan, languedocien, roman[34]. L'appellation de langue provençale est celle récemment employée avant l'usage, plus courant aujourd'hui, de langue occitane.
L'occitan a connu son âge d'or entre les XIe et XIIIe siècles grâce à sa littérature et surtout aux compositions des troubadours qui ont eu du succès dans toute l'Europe. Ainsi, l'occitan peut être considéré comme une des grandes langues de culture[35],[36],[37],[38],[39],[40].
L'occitan était toujours la langue principale des Occitans jusqu'à la première moitié du XXe siècle, lors de l'intensification de la substitution linguistique à la suite de politiques linguicides. Elle souffre encore du désintérêt de l'État français et est aujourd'hui en danger d'extinction[41],[42],[43].
Les estimations du nombre de locuteurs d'occitan actuels sont extrêmement divergentes selon les sources, toutefois l’occitan ressort comme la langue régionale la plus parlée en France[6],[44].
Des mesures d'encouragement à sa transmission et à sa valorisation ont été prises récemment dans plusieurs pays. En effet, comme toutes les autres variétés d’occitano-roman (à l'exception du catalan), l'occitan est classé par l'UNESCO en 2010 parmi les langues en danger, c'est-à-dire que l’absence d’encouragement officiel de sa pratique peut causer sa disparition[45].
Étymologie
[modifier | modifier le code]Le terme « langue d'oc » et son équivalent latin lingua occitana sont attestés à la fin du XIIIe siècle[46] pour désigner les régions de France situées au sud de la Loire[47]. De ce terme latin est issu le mot occitain (attesté en 1628[48], 1644[49] et 1655[50]) qui est une forme d'oïl, le suffixe -anum y ayant régulièrement abouti à -ain (exemple foranus > forain), alors qu'il donne régulièrement -an en langue d'oc, d'où « occitan » qui s’est imposé chez les romanistes dans la seconde moitié du XXe siècle[51].
« Langue d'oc », « occitan » et « provençal » (ce dernier terme étant vieilli et renvoyant aujourd'hui plus précisément au dialecte occitan parlé en Provence[52]) sont synonymes dans la linguistique romane. La totalité du mouvement culturel depuis le XIXe siècle parle d'occitan ou de langue d'oc. Ces deux termes sont synonymes et sont employés conjointement dans les textes administratifs français récents[53]. Les textes administratifs espagnols[54],[55] et italiens[56] n'utilisent que le mot occitano.
Le terme « occitanien » semble tombé en désuétude[57].
Origines de l’occitan
[modifier | modifier le code]Avant l'arrivée des Romains, les populations de ce que l'on appelle aujourd'hui Occitanie parlaient une langue mêlant éléments bascoïdes et celtiques[58]. À la suite de la domination romaine, les populations locales adoptent un latin populaire. Ce processus fort complexe dans son déroulement prend plusieurs siècles. Cette langue évolue en se superposant aux parlers autochtones qui finiront par être absorbés et assimilés. De par son emplacement stratégique au sein de l'Empire romain d'occident, l'administration et les colons romains (originaires de Rome et du Latium) vont amener dans cette région leur usage du latin classique. La chute de l'Empire romain d'Occident, au Ve siècle, et les invasions barbares aboutissent à la transformation du latin en un certain nombre de parlers nouveaux dont l'occitan. La formation de la langue d'oc a été favorisée par certaines circonstances qui ont donné à l’occitan son originalité :
- la structure orographique ; l’espace occitan se caractérise par son emplacement au sein de barrières naturelles que sont la mer Méditerranée et l’océan Atlantique ainsi que les remparts naturels des montagnes : Massif central, Pyrénées, Alpes[59] ;
- l'ancienne présence de « marches séparantes » entre les populations ; zones ultra-sèches[59] (plateau désertique aragonais), forêts épaisses séparant le Nord du Sud de la France sauf aux abords de l’océan (la Brenne, la Sologne, le Bourbonnais, le Nivernais, la Bresse, le Jura central…), marais ou landes impropres à l’agriculture et rebelles à toutes colonisations étrangères (régions entre Loire et Garonne – marais breton et poitevin –) ;
- la fixité des peuples préhistoriques et protohistoriques[59] et le substrat bascoïde marqué[58] ;
- leur moindre celtisation . « L’apport gaulois […] n’a modifié le peuplement de [ l'actuelle France ] que dans le nord, l’est, le centre, Celtica-Belgica. »[60]. Pour le linguiste A. Lebrun, l’Occitanie aurait acquis une spécificité ethnique avant l'arrivée des populations celtes au VIe siècle av. J.-C. et elle aurait été faiblement celtisée. Par la suite elle fut fortement romanisée à partir du IIe siècle av. J.-C.[61] Les populations celtes furent peu importantes mais la celtisation s’est implantée plus durablement dans le Massif central et les Alpes. Plusieurs mots dont le sens a parfois évolué proviennent cependant du gaulois alors qu'ils sont absents dans le français moderne, ex: còbra (cobro), regon (rica), vibre (bebros), balma (balma), etc.
- une longue et profonde romanisation. Selon M. Müller « la bi-partition linguistique de la France commence avec la romanisation même »[62].
- un lexique original : bien que celui de l’occitan se situe à mi-chemin entre le gallo-roman et l’ibéro-roman[63] , il « possède […] quelque 550 mots hérités du latin qui n’existent ni dans les parlers d’oïl ni en francoprovençal » ;
- une faible germanisation (contrairement au gallo-roman)[62] : « le lexique francique » et son influence phonétique « s’arrête […] assez souvent » au sud de la ligne oc/oïl[62] . Selon le romaniste Walther von Wartburg , le superstrat gotique de l'occitan est déterminant[64].
- une longue et précoce période de convergence politique et sociale durant plus de cinq siècles, depuis le haut-Moyen Âge jusqu'au début du XIIIe siècle[65]. Plusieurs familles régnantes de ces territoires se sont affrontées ou soutenues dans le but d'une unification[66],[67]. Citons les Carolingiens dont Louis le Pieux avec le royaume d'Aquitaine (VIIIe-IXe siècle), puis le duché aquitain tenu par les Guilhelmides (IXe-Xe siècle) puis par les Ramnulfides (XIe-XIIe siècle).
- une certaine unité politique du XIe au XIIIe siècle, dans la mesure où la plupart des pays de langue d'oc ont été sous l'autorité ou sous l'influence des comtes de Barcelone, branche cadette des ducs d'Aquitaine. Ils ont réuni dans leurs mains, la Catalogne, le Languedoc, le Roussillon, le Rouergue, le Velay, le Carladez, la Provence, tout en étant alliés très proches des comtes de Toulouse et des vicomtes de Limousin. En particulier depuis l'époque de Raimond-Béranger III, comte de Barcelone, de Provence, de Gévaudan, de Rodez, de Millau, et de Carlat (1082-1131) où s'épanouit la littérature courtoise et des troubadours occitans, jusqu'à l'époque de Alphonse II d'Aragon, comte de Barcelone, de Roussillon, de Provence, de Rodez, de Gévaudan, vicomte de Millau, et de Carlat (1157-1196), avec des cours littéraires toujours très brillantes qui ont fait émerger et diffusé une langue occitane poétique et savante[68].
- le développement de nombreux échanges commerciaux en Occitanie dès le début du Moyen Âge[69].
- la mobilité précoce des populations due au développement économique ainsi qu'à l'expansion démographique ayant pour conséquence la création de nouvelles agglomérations rurales ou urbaines dès les XIe et XIIe siècles[70] (sauvetés, castelnaus, bastides et villes franches).
- la circulation constante et régulière des hommes entre régions occitanes[71] due à la saisonnalité du travail, à la transhumance, au commerce, au besoin de refuge,... du Moyen Âge à la révolution industrielle. Ces échanges sont attestés à partir du XIIIe siècle, même s'ils ont pu exister avant, et ils se sont prolongés jusqu’au XIXe siècle. C'est pour cela que l'occitan n'a pas connu d'émiettement linguistique comme d'autres langues voisines, notamment le français-langue d'oïl, l'arpitan, ou le gallo-italique.
Les appellations d’anciennes provinces ont servi à désigner des variantes de l’occitan, bien que les aires géographiques ne correspondent qu’approximativement[72]. Leur délimitation géographique et leur caractérisation peuvent varier selon les auteurs : l’auvergnat, le dauphinois, le gascon, le languedocien (séparé parfois du guyennais au nord), le limousin, le provençal[73]. L'appartenance du catalan et du gascon au domaine occitan est débattue.
Historique
[modifier | modifier le code]L’occitan fut très tôt, dès le Moyen Âge classique, une langue administrative et juridique concurrente du latin[74]. La langue occitane est connue pour sa riche littérature à partir du XIIe siècle, époque où les troubadours vont commencer à la rendre illustre dans toutes les cours d'Europe, comme Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre et duc d'Aquitaine, occitanophone de naissance grâce à sa mère Aliénor d'Aquitaine. Dès le XIIIe siècle, l’occitan est utilisé comme langue scientifique[75] (traités de médecine, de chirurgie, d’arithmétique[76]...). Elle fut aussi une langue utilisée pour les échanges commerciaux internationaux[77],[78].
L'occitan est à l’origine d’une importante production culturelle[79] et d'une littérature qui s'étend de façon ininterrompue sur plus de mille ans depuis les trobairitz et troubadours jusqu'à aujourd'hui, couvrant un grand nombre de genres littéraires (romans en vers ou en prose, arts poétiques -Las razos de trobar, Las leys d'amor…-, théâtre baroque, livret d’opéra, roman philosophique, chroniques, biographies des troubadours -les vidas-, vies de saints, textes épiques - la Chanson de la Croisade des Albigeois notamment -, grammaires…), ainsi que de nombreux essais et des ouvrages sur des sujets très divers (liturgie et théologie, droit, agronomie, chasse, gastronomie, médecine, histoire, sciences…) . Un des points culminants de l'histoire littéraire de l'occitan a été l'attribution du prix Nobel de littérature à Frédéric Mistral en 1904 pour son poème Mirèio : Pouèmo prouvençau. Depuis le XIXe siècle elle est, sur le plan international, un sujet d'études académiques assez répandu.
Comme toutes les langues, l'occitan est composé de dialectes[80]. La négation de l'existence de la langue occitane par la mise en avant systématique de son caractère dialectal, et l'utilisation du terme équivoque de patois, ont conduit les Occitans à avoir honte de parler leur langue. Ce phénomène est appelé de manière populaire « la vergonha », et de manière scientifique schizoglossie[81]. Encore aujourd'hui, de nombreux locuteurs naturels considèrent qu'ils ne parlent pas le bon occitan ou que l'occitan n'est pas une langue[82],[83],[84].
Le linguiste Alain Rey indique que la « langue d'oc est, dès ses premières manifestations au XIe siècle, une langue classique (jusqu'au XVe siècle) sans prédominance d'un dialecte sur l'autre ; elle présente, en outre, une grande unité, avec des variantes dialectales minimes. C'est la langue des troubadours et des troubaïritz [...], langue littéraire et poétique par excellence, formée probablement avant l'an mil »[85].
Il n’existe plus de langue occitane standard depuis le XVIe siècle[86]. L’occitan a été la première langue romane en voie de standardisation[87],[88],[89],[90]. Si la koinè occitane est un mythe[non neutre], des scriptas régionales ont existé et des conventions graphiques ont circulés entre l'Atlantique et les Alpes (lh, nh, etc.)[91][source insuffisante]. C'était une forme supradialectale de l’occitan qui n'a pas survécu pour des raisons politiques et historiques. Par la suite, plusieurs formes dialectales ont connu des destinées prestigieuses mais aucune n'a réussi à supplanter les autres. À partir du xixe siècle, il y a eu des tentatives non abouties de créer un occitan standard à partir d'un des dialectes de l'occitan[réf. souhaitée][92]. À l'heure actuelle, plusieurs standards régionaux sont à un stade avancé d'élaboration[93]. Dans une vision pluricentrique de la langue, une convergence de ces standards régionaux pourrait aboutir à un occitan général standard[93].
Langue d'écrits officiels en Occitanie et dans des régions voisines[94],[95] parfois jusqu’à l’époque contemporaine, elle fut remplacée progressivement par le français, l'espagnol ou l’italien. Le recul de l’écrit officiel[96] a précédé celui de l’usage oral, lié à une politique de dévalorisation[97] et de répression[98], qui met la langue en danger d’extinction[99],[100].
Toutefois, la situation de l'occitan est en train de changer tant du point de vue de sa reconnaissance par les autorités que de la revalorisation de la langue par les populations[101]. En France, depuis 2008, la constitution indique que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». Plusieurs collectivités locales ont développé des mesures en faveur de la langue[102],[103],[104]. Depuis 1999, l'occitan fait partie des langues protégées par la loi sur les minorités linguistiques en Italie. L'occitan est officiel depuis 1990 dans le Val d'Aran (Espagne), statut qui a été étendu à toute la communauté autonome de Catalogne en 2006, puis renforcé par une loi catalane en 2010[105]. À partir des années 2000, des revendications pour l'occitan sont portées auprès d'instances internationales (CIO, UNESCO, Union européenne, …). En novembre 2014, l'occitan devient une des langues officielles de l'Eurorégion Pyrénées-Méditerranée[106],[107].
Nombre de locuteurs
[modifier | modifier le code]Il n'existe pas de données statistiques valables sur l'entier du territoire occitanophone qui permettent réellement de connaître les compétences des locuteurs en occitan, celles-ci pouvant aller d'une simple compréhension passive à un usage solide, tant à l'oral qu'à l'écrit. Le nombre de ses locuteurs varie fortement en fonction de la méthodologie employée pour le calculer ainsi que de l'étendue de la zone géographique retenue. En 2020, une enquête à grande échelle faite par l'Office public pour la langue occitane[108] estime qu'environ 7 % de la population de Nouvelle Aquitaine et de la région Occitanie parlent occitan, soit un peu plus de 540 000 locuteurs pour ces deux régions, avec des pourcentages variés selon les départements[109]. L'Office public de la langue occitane annonce en 2020, 230 792 locuteurs en région Nouvelle-Aquitaine et 310 832 en région Occitanie [110].
En France et à Monaco, la diglossie au profit du français est constante. En Italie, la diglossie au profit de l'italien reste forte. En Catalogne, malgré la récente officialité de l'occitan, la diglossie en faveur du catalan d'une part et du castillan (la langue avec le plus de poids en Espagne) d'autre part est toujours présente. Dans tous les pays, les locuteurs d'occitan sont au minimum bilingues.
Noms de l’occitan
[modifier | modifier le code]À partir du XIIIe siècle et jusqu'au début du XXe siècle[111], on rencontre fréquemment le terme de provençal pour désigner l'occitan. Le terme, originaire d'Italie, fait référence à la provincia romaine et on trouve encore parfois ce terme en anglais pour toute la langue d'oc (provençal).
L’appellation « provençal » présente des ambiguïtés car elle désigne également le dialecte provençal, que par ailleurs certains considèrent comme une langue distincte[112]. D’autre part l’expression de « langue d’oc » fait penser d’emblée au dialecte languedocien (occitan central). Peut-être pour ces raisons le terme généralement considéré comme le plus clair est « occitan ». Il arrive aussi parfois que l'on nomme occitan l’ensemble occitano-roman (catalan et occitan[113],[114],[115]).
L’occitan fut appelé autrefois :
- lenga romana ou romans[116] aux XIIIe et XIVe siècles. Certains auteurs médiévaux ont employé le terme de « lenga romana » afin d'accentuer le prestige de l'occitan, langue écrite comme le latin. « Roman » a souligné la conscience claire de l'origine latine de l'occitan. Ce terme fut utilisé au XIXe siècle pour désigner l’ancien occitan.
- limousin apparu entre 1190 et 1213[117]. Utilisé surtout pendant le XIIIe siècle parce que certains troubadours étaient réputés être originaires du Limousin. Pendant les XVIIIe et le XIXe siècle, le nom de llemosí a été utilisé pour désigner l'occitan médiéval qui est à l'origine de la littérature catalane.
- mondin ou raimondin.
- gascon aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles[118]. À cette époque, la Gascogne était un centre important de la littérature occitane [119] et les Gascons ont eu l'habitude de représenter la « France du Sud » (Pays d'oc) aux yeux des Français du Nord. D'autant plus que Henri IV, roi de France de 1589 à 1610 et de Navarre depuis 1572, était par sa mère Jeanne d'Albret d'origine gasconne.
- catalan utilisé parallèlement au terme de langue limousine.
- provençal aux XIIIe et XIXe siècles.
- lingua occitana au XIVe siècle et langue d’oc. « L’apparition du terme « occitan » est datée de 1286, sous le règne de Philippe le Hardi, dans le testament de Lancelot d’Orgemont « Premier et grand maître du Parlement de Langue de Oc » qui déclare tester « selon l’usage de la patrie occitane », « more patriæ occitanæ. » Le dit « Parlement » s’étant réuni en 1273 sous la présidence de Lancelot d’Orgemont on peut supposer qu’il portait dès cette date l’appellation que revendique celui qui le présida (puis reprise en italien par Dante en 1304. Toutefois, l'installation d'un véritable Parlement à Toulouse en 1273 présidé par un certain Lancelot d'Orgemont est contestée[120]. L'original du document évoqué ici pourrait dater du XVe siècle.
On trouve l’expression lingua occitana (langue occitane) peu après dans certains textes administratifs en latin[121] ».
- languedocien[122].
- occitanique et occitanien.
Les Occitans eux-mêmes disaient lo romans (roman), lo lemozi(n) (limousin) ou lo proensal (provençal) au XIIIe siècle.
Les Occitans ont utilisé et utilisent toujours d’autres formules pour désigner leur langue, comme « la lenga nòstra » (notre langue) « parlam a nòstra mòda » (nous parlons à notre manière) ou encore en Gascogne « Que parli » (je parle).
Dans certaines régions, les locuteurs les plus âgés utilisent le terme de patois (Larousse : parler local, rural et d’extension restreinte) pour désigner leur langue mais ce terme est également rejeté de nos jours pour ses connotations dépréciatives.
Ailleurs, dans les régions à forte identité, le nom de la province sert à désigner la langue, parfois en discordance avec les variations de celle-ci[123]. On dit : « l’auvergnat, le rouergat, le limousin, le gascon, le béarnais, le provençal, le nissart... ».
On peut trouver des appellations selon la variété locale de la langue (neugue), un terme géographique (aspois, médocain), ou encore une délimitation administrative (girondin).
Distribution géographique
[modifier | modifier le code]Le domaine occitan
[modifier | modifier le code]L'aire d’expansion géographique de l'occitan couvre 33 départements du sud de la France (39 en comptant les départements minoritairement occitans), 14 vallées occitanes (dans les Alpes piémontaises) et Guardia Piemontese en Italie, le Val d’Aran en Espagne, et Monaco.
Les limites sont principalement liées à la géographie physique. Au sud, les Pyrénées marquent la limite avec les langues ibéro-romanes, tandis que les Alpes marquent la frontière orientale.
Au nord, la ligne von Wartburg marque la frontière avec les langues d'oïl, actuellement[C'est-à-dire ?] de l'estuaire de la Gironde jusqu'au point-triple marquant la limite avec l'arpitan (à proximité des communes de Barrais-Bussolles, Droiturier et Andelaroche). Située au nord du Limousin et de l'Auvergne, le Croissant est le nom porté par la zone de transition linguistique.
La limite avec l'arpitan descend dans la vallée du Rhône et traverse le Dauphiné.
L’occitan dans le monde
[modifier | modifier le code]Des communautés de langue occitane ont existé ailleurs dans le monde. Leur présence peut être liée au départ des protestants de France, à la colonisation française, à l'immigration vers le Nouveau monde ou même aux croisades. Il peut arriver que certaines personnes parlent encore aujourd’hui l’occitan ou plus sûrement ont conservé quelques mots mêlés à la langue locale[124].
Famille linguistique
[modifier | modifier le code]L’occitan, gascon compris, constitue avec le catalan le groupe occitano-roman des langues romanes occidentales : il fait la transition entre le gallo-roman et l'ibéro-roman, d’après le linguiste Pierre Bec[126].
L’occitan « général » et le catalan sont proches linguistiquement et permettent l’intercompréhension[127]. Certains romanistes comme A. Sanfeld incluent ces deux langues sous la même dénomination linguistique d’occitan[114],[115]. Le célèbre grammairien catalan Pompeu Fabra, contributeur important à la normalisation du catalan moderne, envisage la possibilité d'une unification orthographique des deux langues si un processus de normalisation est mené à terme dans le domaine d'oc[128]. Le terme de langue limousine a été utilisé par les Catalans pour désigner soit le catalan, soit la langue des troubadours, soit l'occitan ou soit encore l'ensemble des langues occitano-romanes.
Les liens entre l’occitan, le gascon et le catalan
[modifier | modifier le code]Le catalan est parfois considéré comme une variante occitane de type ausbau[129]. Le gascon possède des traits distinctifs qui le différencient nettement plus que le catalan au sein de l’ensemble occitano-roman, principalement à cause de la forte influence du substrat aquitain et du superstrat vascon. Certains linguistes le considèrent parfois comme une langue à part[130],[131],[132]. Toutefois, le gascon est généralement considéré comme un dialecte de l'occitan[133],[134],[135],[136],[137]. Le linguiste Domergue Sumien défend l'inclusion du gascon dans l'occitan et l'exclusion du catalan du fait de l'existence de deux espaces sociolinguistiques aux dynamiques différentes[138],[139].
Évolution
[modifier | modifier le code]À un stade ancien, le catalan et la langue d'oc ne pouvaient être différenciés. Le catalan fait son apparition au sein de l'ensemble occitan[140]. Le fait qu’on écrivît quasi exclusivement en latin durant le haut Moyen Âge rend très délicate toute catégorisation formelle. En tout cas, les premiers textes en langues vulgaires, bien que très semblables montrent déjà quelques différences, lesquelles se sont accentuées au milieu du XIIe siècle[141]. Le majorquin Ramon Llull (1232 -1315), premier philosophe dans une langue néolatine est également considéré comme le premier auteur majeur en catalan. S'il écrivit également des poèmes en occitan à partir de 1274, il apporta avec son œuvre imposante un grand nombre de traits et de néologismes qui différencient les deux langues.
Les poètes catalans écrivirent en occitan jusqu’au XIVe siècle, époque où le Valencien Ausiàs March marqua le début du siècle d'Or de la langue catalane[142]. Le catalan reçoit à partir du XVe siècle une forte influence ibéro-romane accrue pour des raisons politiques (union de la Couronne de Castille et de la Couronne d'Aragon).
En 1934, des intellectuels catalans proclamèrent solennellement que le catalan contemporain était une langue distincte de l’occitan[143] dans le manifeste Desviacions en els conceptes de llengua i de pàtria[144] rejetant ainsi l'idée d'une nation panoccitane incluant les pays catalans.
L’aspect politique, culturel et religieux est important aussi. La Catalogne, contrairement à l’Occitanie a bénéficié longtemps d’une moindre dépendance étatique alliée à un fort développement économique. De plus, l’espace occitan est globalement défini par son appartenance à la France, le catalan est majoritairement défini par son appartenance à l’Espagne. Encore récemment les langues continuent d’évoluer séparément : le catalan est un ensemble de dialectes qui ont tendance à s’hispaniser au contact du castillan ; l’occitan, lui, a tendance à se galliciser au contact du français. Le poids important des langues espagnole et française dans le monde pèse lourdement sur les rapports de domination linguistique au sein de la France et de l’Espagne.
Classification
[modifier | modifier le code]Le gascon a été souvent considéré comme un dialecte occitan ; tandis que le catalan, plus proche du languedocien d’un point de vue linguistique que d’autres dialectes occitan, a été considéré comme une langue différente. Dans l’œuvre du philologue du XIXe siècle Friedrich Christian Diez, le catalan est considéré comme partie intégrante de l’occitan (appelé « provençal ») ; cependant il en signale les différences. Dans Gramàtica del català contemporani (2002)[145], le catalan est classé dans les langues romanes occidentales, comme un intermédiaire entre les groupes gallo-roman et ibéro-roman, comme tout le groupe occitano-roman. D'autres études récentes classent le catalan dans le diasystème occitan.
Certaines positions, en particulier au sein de l'école linguistique occitane, tendent à inclure le catalan comme dialecte de l'occitan, sur la base d'une similitude générale et d'une tradition littéraire communes. Certains pères de la romanistique, comme Wilhelm Meyer-Lübke ou Friedrich Christian Diez, incluaient ainsi le catalan comme élément de l'ensemble occitan[146],[147],[148],[149].
Graphies et prononciation
[modifier | modifier le code]L’occitan et le catalan se distinguent par la manière d’écrire la langue (graphie).
La prononciation varie entre catalan et occitan, par exemple :
- á, qu'on trouve uniquement en position finale, ainsi graphié pour des raisons étymologiques, est prononcé [ɔ] en languedocien et [e] en provençal (le niçois maintient l'accentuation étymologique paroxytone, comme en catalan).
- Dans différentes combinaisons consonantiques, la première consonne est assimilée à la suivante, là où le catalan maintient la prononciation étymologique (abdicar > [addi’ka] ; « cc » ou « ks », prononcés [ks] étymologiquement, est neutralisé en [t͡s] en languedocien ; occitan se prononce [ut͡siˈta] ou [usiˈta] dans ce dialecte).
- En occitan, la syllabe tonique des mots s’est rapprochée du français avec le temps, sous l’influence de ce dernier[réf. nécessaire]. Les anciens proparoxytons deviennent paroxytons dans la plus grande partie du domaine occitan (MÚsica (cat) muSIca (oc), PÀgina (cat) paGIna (oc), boTÀnica (cat) botaNIca (oc), inDÚstria (cat) indusTRIa (oc)…). Seuls le niçois et le vivaro-alpin des vallées Occitanes ont maintenu l'accentuation latine, conservée en catalan et de façon générale dans les langues ibéro-romanes.
Pour les catalanophones, la graphie classique de l'occitan présente l’avantage d'être proche de la catalane. Ceci s'explique par le fait que les travaux d’actualisation et de fixation de cette graphie, conduits par Loís Alibèrt dans le premier tiers du XXe siècle, sont basés sur la graphie médiévale et sont grandement inspirés des travaux menés par Pompeu Fabra pour le catalan. Au Moyen Âge, les deux langues étaient plus proches de leur origine commune et les contacts étaient alors plus intenses (la poésie en Catalogne a été écrite presque exclusivement en occitan jusqu'au XIVe siècle). L'influence de la norme catalane dans les travaux d'Alibert est parfois critiquée car jugée excessive[150].
Malgré tout, il y a entre Catalan et Occitan quelques différences dont il faut tenir compte pour lire avec facilité les textes occitans :
- On conserve le « n » final des mots, bien que, dans la plupart des dialectes occitans, il ne se prononce plus (les exceptions sont le provençal, et le gascon, qui inclut l’aranais). Exemples : « occitan », « concepcion ».
- Le « h » muet n'existe pas (les « h » étymologiques sont souvent maintenus en catalan) : i a un òme (cat: hi ha un home). Le « h » note en gascon une consonne aspirée ; dans bien des cas il correspond au « f » latin, maintenu dans les autres dialectes ainsi qu'en catalan. Exemple : en gascon « hèsta », dans les autres dialectes « fèsta », en catalan « festa ».
- Les digrammes « lh », « nh » (tous deux inspirés de la graphie classique traditionnelle) et « sh » correspondent en catalan à « ll », « ny » et « x ».
Comparaison de textes
[modifier | modifier le code]Il ne faut toutefois pas en conclure que l’occitan et le catalan soient très différents. Il existe une assez bonne intercompréhension entre catalanophones et occitanophones.
Voici un texte dans sa version languedocienne (occitan méridional-ouest), majorquine (catalan baléare) et barcelonaise (catalan central).
Français | Occitan (languedocien) | Catalan (majorquin) | Catalan (barcelonais) | Remarques |
---|---|---|---|---|
Hachez la viande à la machine (ou demandez au boucher de le faire). | Capolatz la carn a la maquina (o demandatz al maselièr d’o far). | Capoleu sa carn per sa màquina (o demanau en es carnisser que ho faça/faci). | Capoleu la carn per la màquina (o demaneu al carnisser que ho faci). | |
Mélangez tous les ingrédients de la farce. | Mesclatz totes los ingredients del fars. | Mesclau tots es ingredients des farciment. | Barregeu tots els ingredients del farciment. | |
Étendez le lièvre sur un bon morceau de gaze (on peut en acheter en pharmacie). | Espandissètz la lèbre sus un bon bocin de gasa (se pòt crompar en farmacía). | Esteneu sa llebre damunt un bon tros de gasa (se pot comprar a l'apotecaria). | Esteneu la llebre damunt d'un bon tros de gasa (es pot comprar a la farmàcia). | En occitan farmacía est un néologisme. |
Répartissez la farce à l'intérieur de l’animal, enroulez-le dans la gaze. | Repartissètz lo fars dintre l'animal, rotlatz-lo dins la gasa. | Repartiu es farciment dedins s'animal, enrotlau-lo dins sa gasa. | Repartiu el farciment dins l'animal, enrotlleu-lo dins la gasa. | En catalan enrotllar est un castillanisme provenant du mot enrollar. |
Ficelez sans trop serrer. Faites rôtir les ingrédients au four. | Ficelatz sensa sarrat tròp. Fasètz rostir los ingredients dins lo forn. | Fermau-lo no massa fort. Feis rostir es ingredients dedins es forn. | Lligueu-lo no gaire fort. Feu rostir els ingredients dins el forn. | En occitan ficelar est un gallicisme. |
Espace occitano-roman
[modifier | modifier le code]L’ensemble géographique occitano-roman représente environ 23 millions de personnes sur un espace de 259 000 km2. Les régions ne sont pas égales face au pourcentage de locuteurs de la langue. La France ne compte plus dans certaines régions qu’un quart de la population qui soit vraiment occitanophone (50 % de la population comprend la langue, sans pouvoir la parler couramment)[source insuffisante][151],[152]. À l’inverse, la communauté autonome de Catalogne bat des records du nombre de locuteurs. Selon les enquêtes réalisées par la Communauté de Catalogne en 1993, les habitants du Val d’Aran (dont 72 % sont originaires) parlent : aranais (gascon) à 64 % ; castillan (espagnol) à 28 % ; catalan à 8 %.
Caractérisation structurelle
[modifier | modifier le code]Jules Ronjat a cherché à caractériser l’occitan[153] en s’appuyant sur 19 critères principaux et parmi les plus généralisés. Onze critères sont phonétiques, cinq morphologiques, un syntaxique, et deux lexicaux. On peut ainsi noter la moindre fréquence des voyelles semi-fermées (en français standard : rose, jeûne). C’est une caractéristique des occitanophones grâce à laquelle on reconnaît leur accent « méridional » même quand ils parlent en français. Il existe aussi la non-utilisation du pronom personnel sujet (exemple : canti/cante/chante/chanto je chante ; cantas/chantas tu chantes). On peut trouver encore d’autres traits discriminants. Sur les dix-neuf critères principaux, il existe sept différences avec l’espagnol, huit avec l’italien, douze avec le francoprovençal et seize avec le français.
Phonologie
[modifier | modifier le code]L'accent tonique a une mobilité limitée, il peut tomber seulement :
- sur la dernière syllabe (mots oxytons ou aigus) ;
- l'avant-dernière syllabe (mots paroxytons ou plans) ;
- en niçard, et plus rarement en cisalpin (vivaroalpin des vallées occitanes), l'accent tonique peut porter sur l'antépénultième (mots proparoxytons).
VOYELLES EN GÉNÉRAL | antérieures | quasi-antérieures | centrales | quasi-postérieures | postérieures | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
non arrondies | arrondies | non arrondies | arrondies | non arrondies | non définies | arrondies | non arrondies | arrondies | non arrondies | arrondies | |
fermées | /i/ | /y/ | /u/ | ||||||||
quasi-fermées | (ɪ) | (ʏ) | |||||||||
semi-fermées | /e/ | ||||||||||
moyennes | (ə) | ||||||||||
semi-ouvertes | /ɛ/ | (œ) | /ɔ/ | ||||||||
quasi-ouvertes | |||||||||||
ouvertes | /a/ | (ä) | (ɒ) |
Les phonèmes principaux sont : /i/, /y/, /u/, /e/, /ɛ/, /ɔ/ et /a/. Régionalement, il existe les phonèmes /œ/, /ə/, /ä/, /ɒ/, /ɪ/ et /ʏ/
Il faut signaler le phénomène d'alternance vocalique. En position atone, certaines oppositions vocaliques sont neutralisées :
- La voyelle tonique /ɛ/ devient /e/.
- La voyelle tonique /ɔ/ devient /u/.
CONSONNES EN GÉNÉRAL | labiales | dentales et alvéolaires | palatales | vélaires | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
sourdes | sonores | sourdes | sonores | sourdes | sonores | sourdes | sonores | |
occlusives | /p/ | /b/ | /t/ | /d/ | /k/ | /g/ | ||
fricatives | /f/ | (/v/) | /s/ | /z/ | (/ʃ/) | |||
affriquées | /ts/ | (/dz/) | /tʃ/ | /dʒ/ | ||||
nasales | /m/ | /n/ | /ɲ/ | |||||
latérales | /l/ | /ʎ/ | ||||||
roulées | /r/ | |||||||
battues | /ɾ/ | |||||||
spirantes | /w/, /ɥ/ | /j/ |
Régionalement, il existe aussi les phonèmes /ʀ/, /h/ et /ʒ/.
La distinction entre /v/ et /b/ est générale en provençal, vivaroalpin, auvergnat et en limousin. Par contre, en languedocien et en gascon, les phonèmes /b/ et /v/ sont neutralisés en /b/.
Évolution phonétique
[modifier | modifier le code]1°) Absence ou rareté des voyelles arrondies [ɒ, o, ø]; type français : pâte, rose, yeux... Ces voyelles peuvent exister en occitan mais n'y jouent, en général, aucun rôle phonologique. Le Méridional parlant français ouvre spontanément ces voyelles, ce qui est une des caractéristiques les plus saillantes de son accent.
2°) Présence de la voyelle /y/. La palatalisation de u latin [u] passa au son [y] (localement [œ], comme en catalan capcinois). C'est un trait général de l'ensemble du gallo-roman, des dialectes de l'Italie du Nord et d'une partie des idiomes rhétiques. Par exemple : LUNA>Luna (Lune).
3°) Voyelles nasales conservant le timbre de la voyelle orale correspondante. La nasalité de la voyelle n'est que partielle et toujours suivie d'une résonance consonantique. C'est un point commun avec la majorité des langues romanes à l'exception du français, du francoprovençal et du portugais. Par exemple : la prononciation méridionale des mots français tels que : pain, brun, bon, banc est encore là un trait caractéristique de l'accent du Midi.
4°) Diphtongaison des voyelles latines e, o uniquement conditionnée par la séquence d'un yod [j] ou d'un [w]: è est devenu iè (ie); ò est devenu uò (uè, ue). Par exemple :
- VETULU>vielh (vieux)
- NOCTE>nueit/nuech/nuòch (nuit)
- DEU>dieu... (dieu)
Dans tous les autres cas, les voyelles du latin vulgaire sont solidement conservées : e>è (è ouvert du français : tête), o>o (o ouvert du français : botte). Par exemple :
- DECEM>dètz (dix)
- CELU (classique CAELUM)>cèl (ciel)
- CULTELLU>cotèl (couteau)
- MEL>mèl
- OPERA>obra
- PORTA>porta
Du point de vue vocalique, l'occitan est une langue romane très conservatrice et s'oppose radicalement au français qui, sous l'influence probablement germanique, a considérablement allongé puis diphtongué ses voyelles en position libre.
5°) Pas de diphtongaison des voyelles du latin vulgaire [e, o] fermées=latin classique e, i;o, u. Même remarque que pour 4°). Par exemple :
- TRES>tres (trois)
- DEBERE>dever (devoir)
- FIDE>fe (foi)
- FLORE>flor>[flur] (fleur)
6°) Fermeture jusqu'à [u] de latin vulgaire [o]. Par exemple :
- DOLORE>vx. dolor>mod. [dulur] (douleur)
- FLORE>vx. flor>[flur].
Cette fermeture, qui a dû se généraliser en occitan au cours du XIVe siècle, atteint également une partie importante du catalan et de certains dialectes nord-italiens, mais c'est une différence avec la majorité des langues romanes.
7°) Maintien, hors cas particulier, de a accentué latin, quelles que soient les précessions. Certains parlers occitans peu étendus peuvent connaître une palatalisation légère de [a] vers [æ] ou [ɛ], mais c'est un phénomène superficiel (palatalisation conditionnée de a + yod en gascon et en ibéro-roman). Ce conservatisme de [a] en occitan est commun avec la majorité des langues romanes. C'est une différence avec les évolutions radicales du français et du francoprovençal qui palatalisent et diphtonguent [a] de manière systématique vers [ɛ, jɛ].
Par exemple :
- PRATU>prat (fr. pré, fpr. pra)
- CAPRA>cabra/chabra (vx. fr. chievre>chèvre, fpr. chievre).
L'occitan s'oppose au français ; le franco-provençal, qui palatalise les /a/ seulement derrière palatale (CAPRA>chievre), occupe donc une position intermédiaire.
8°) Les voyelles postoniques sont solides et variées.
- -a (prononcé [ɔ, a, ə] selon les régions); -e; -i; -o (prononcé [u]); et aussi en niçard -u (prononcé [y]). C'est un point commun avec la majorité des langues romanes, mais une différence avec le français, qui élimine toutes les voyelles postoniques ou les neutralise en [ə] et tend à perdre l'accent tonique.
Per exemple:
- occitan: pòrta [ˈpɔrtɔ], astre [ˈastre], òli [ˈɔli], cigarro [siˈɣarru] (et en niçard aquelu [aˈkely]),
- à comparer avec le français : porte [pɔʀt], astre [astʀ], huile [ɥil], cigare [sigaʀ].
La solidité du -a final atone (quelle que soit sa prononciation actuelle), qui est passé à /ə/ et a été effacé en français. Par exemple :
- CATENA>cadena (chaîne, phonétiquement : [ʃɛn])
- PORTA>pòrta (porte, phonétiquement : [pɔrt])
D'où la fréquence en occitan des paroxytons (mots accentués sur l'avant-dernière syllabe), et le rythme nettement « méridional » de la phrase occitane, s'opposant au français qui a perdu tout accent de mot (autre qu'expressif) et ne connaît plus qu'un accent de phrase.
Dans le même sens va la variété des autres voyelles atones : [-e, -u, -i]. Par exemple : piuse, carrosco, canti.
9°) Solidité des voyelles prétoniques [a, e]. L'occitan ignore absolument les syncopes françaises (type e muet). Comparer le français « petite », phonétiquement : [ptit] et l'occitan « petita » > [peˈtito]. Cette tendance du français rejoint d'ailleurs celle qui figure au no 8 ; si bien qu'une phrase du type : « Une petite femme sur la fenêtre », phonétiquement : [yn ptit fam syʁ la fnɛtʁ] avec ses sept syllabes sans accent de mot, a un schéma rythmique tout à fait différent de l'occitan : « una petita femna sus la finèstra », avec ses douze syllabes d'intensité inégale mais toutes clairement articulées. C'est ce rythme conservateur qu'on retrouvera en français méridional qui rend si particulier l'accent des Méridionaux.
10°) Les proparoxytons (mots accentués sur l'antépénultième) ont disparu dans la grande majorité des dialectes occitans sauf en niçois et en cisalpin : arma, pagina (niçois et cisalpin : ànima, pàgina). Sous cet aspect, c'est un point commun avec le catalan roussillonais, l'aragonais, le francoprovençal et le français ; mais c'est une différence avec la majorité des autres langues romanes.
11°) Fermeture de [o] atone jusqu'à [u] comme en catalan oriental (hormis en majorquin), dans le nord-italien et le portugais, ainsi que dans certains mots du français : portar [purˈta], cigarro [siˈɣarru].
Morphologie
[modifier | modifier le code]1°) Conservation d'une flexion verbale restée assez proche du latin permettant comme dans ce dernier un usage facultatif des pronoms personnels sujet, excepté dans une frange étroite tout au nord du domaine occitan. C'est un point commun avec la majorité des langues romanes excepté le français, le francoprovençal, le nord-italien et le rhéto-roman. Par exemple : parli, parlas ⇒ je parle, tu parles.
2°) Système verbal original dont l'essentiel est commun avec le catalan.
3°) Usage systématique du prétérit et de l'imparfait du subjonctif surtout pour exprimer l'irréel comme dans la majorité des langues romanes, mais à la différence du français. Le nord-italien, l'italien et le roumain ont tendance à abandonner le prétérit de manière variée. Par exemple : S'aguèssi un ostal, seria content ⇒ si j'avais une maison, je serais content.
4°) Maintien du subjonctif dans les interdictions (impératif négatif), alors qu'il s'est perdu en français, en francoprovençal et en italien : Par exemple : (non) cantes pas ⇒ ne chante pas. (non) fagas pas aquo ⇒ ne fais pas cela. (non) parles pas ⇒ ne parle pas.
5°) Emploi, concurremment avec « òm », de la troisième personne du pluriel et du réfléchi dans les expressions indéterminées, alors que le français n'emploie guère que « on »[pas clair]. Par exemple : dison que ou se ditz que plus rarement òm ditz que ⇒ on dit que.
Conjugaison
[modifier | modifier le code]La conjugaison de l'occitan est similaire à celles des autres langues romanes.
Lexique
[modifier | modifier le code]1°) Affinité lexicale de l'occitan avec les langues latines méridionales: surtout avec le catalan, mais aussi avec l'aragonais et le nord-italien. Il existe aussi des racines communes avec le basque qui n'est pas une langue romane. En effet, dans le lexique occitan, il existe des vieux fonds spécifiques tels que le fond méditerranéen, ibérique, pyrénéen... qui donnent au vocabulaire de l'occitan (surtout du Sud) une couleur particulière.
2°) Le lexique d'oc diffère fortement du lexique français et francoprovençal à cause de contingences culturelles et historiques[pas clair].
Syntaxe
[modifier | modifier le code]Il existe notamment trois caractères généraux de cette syntaxe qui diffèrent toutes du français :
- l'absence du souci de logique formelle[pas clair], ce qui évite la rigidité syntaxique que connaît le français ;
- le souci de l'expressivité[pas clair] (« logique psychologique ») ;
- la souplesse de la langue occitane, qui oppose l'occitan au franco-provençal et au français moderne. En effet, il existe en occitan des temps, aspects, modes et voix au niveau des verbes qui n'existent pas dans les autres langues. Par exemple, en occitan il existe le parfait de l'action antérieure indéterminée qui est absolument inconnu en français.
Codification
[modifier | modifier le code]À l'époque des troubadours (entre le XIe et XIIIe siècles), l'occitan a vraisemblablement connu des normes littéraires unifiées, des scripta pour les linguistes[91].
Par la suite, toutes les graphies de l'occitan (classique, mistralienne, bonnaudienne, de l'École du Pô) ont été conçues d'abord en notant les parlers, sans fixer une variété standard de l'occitan. Cependant la norme mistralienne a entraîné depuis la fin du XIXe siècle l'apparition de trois normes littéraires régionales: une en provençal général, une en niçard et une en gascon (béarnais). On peut dire en outre que la norme provençale mistralienne est une langue standard (avis des partisans de la norme dite moderne) ou préfigure une langue standard (avis des partisans de la norme classique).
L'occitan présente une certaine variabilité. Chaque auteur moderne adapte plus ou moins un système graphique[80] et littéraire[154]. La graphie classique de l’occitan est la seule à être utilisée sur l’ensemble de l’espace occitan[155].
La norme classique, à partir du XXe siècle, a poursuivi le développement de ces trois formes littéraires mais a favorisé également des formes régionales supplémentaires en limousin et en languedocien. Depuis l'officialisation de l'occitan dans le Val d'Aran en 1990 puis dans toute la Catalogne en 2006, la norme classique favorise également une variété codifiée de gascon aranais[156]. La norme classique a vocation à écrire l'ensemble des dialectes de la langue occitane. Cette norme se base sur la tradition médiévale des troubadours et lui ajoute un processus de codification des mots modernes.
Normes graphiques
[modifier | modifier le code]L'occitan n'étant pas une langue nationale ou officielle (sauf en Catalogne), il n'est pas surprenant que des choix différents aient été faits selon les lieux et les époques, aboutissant ainsi à l'existence de plusieurs normes.
Ces normes sont aussi liées à l'histoire de la langue. À l'époque des troubadours, l'occitan a un rayonnement culturel dans l'Europe entière et présente peu de variations comme langue littéraire. Hervé Lieutard (1999) parle également de l'existence d'habitudes graphiques interrégionales rendues possibles par de nombreux échanges entre occitanophones (courrier en dialecte nord-occitan où chantar 'chanter » est écrit cantar par exemple). Mais à partir de la fin de la Croisade contre les Albigeois (1229), le français devient peu à peu la langue administrative et littéraire, l'occitan finit par n'être plus qu'une langue véhiculaire. Il est de moins en moins écrit, ce qui provoque la perte de son unité graphique. Jean Sibille (1996) note que « c'est dans le courant du XVIe siècle que le français se substitue massivement et définitivement à l'occitan, comme langue écrite dans l'ensemble des provinces d'oc. Les textes les plus tardifs rédigés vers 1620, proviennent du Rouergue et de Provence orientale »[157]. Lors de l'embellie de l'époque baroque, qui voit la parution de nombreux ouvrages en occitan, les graphies utilisées par les écrivains (à l'exception de Pierre de Garros) sont individuelles et influencées par le français. Il faut attendre le XIXe siècle pour assister à l'élaboration de nouvelles normes pour l'occitan écrit.
Norme classique | Norme félibréenne |
---|---|
Mirèlha, Cant I (F. Mistral) (transcription) Cante una chata de Provença. Dins leis amors de sa jovença, A travèrs de la Crau, vèrs la mar, dins lei blats, Umble [Umil] escolan dau grand Omèra [Omèr], Ieu la vòle seguir. Coma èra Ren qu'una chata de la tèrra, En fòra de la Crau se n'es gaire parlat. | Mirèio, Cant I (F. Mistral) (texte d'origine) Cante uno chato de Prouvènço. Dins lis amour de sa jouvènço, A travès de la Crau, vers la mar, dins li blad, Umble escoulan dóu grand Oumèro, Iéu la vole segui. Coume èro Rèn qu'uno chato de la terro, En foro de la Crau se n'es gaire parla. |
Norme classique modernisée | Norme félibréenne (et normes dérivées) | Normes diverses | ||
---|---|---|---|---|
Auvergnat | Bas-Auvergnat | Totas las personas naisson liuras e egalas en dignitat e en dreit. Son dotadas de rason e de consciéncia e lor chau (/fau) agir entre elas amb un esperit de frairessa. | Toutos las persounos naissou lieuros e egalos en dinhitat e en drèit. Sou doutados de razou e de counsciéncio, mas lour chau agi entre guessos dinc un eime de frairesso. | Norme bonnaudienne : Ta la proussouna neisson lieura moé parira pà dïnessà mai dret. Son charjada de razou moé de cousiensà mai lhu fau arjî entremeî lha bei n'eime de freiressà. |
Haut-Auvergnat | Touta la persouna naisson lieura e egala en dïnetàt e en dreit. Soun doutada de razou e de cousiensà e lour chau ajî entre ela am en esprî de freiressà. | |||
Gascon | classique | Totas las (/eras) personas que vaden libras e egaus en dignitat e en dret. Que son dotadas d'arrason e de consciéncia e que las cau hèr l'ua dab l'auta dab esperit de fraternitat. | Norme fébusienne : Toutes las (/eras) persounes que nachen libres e egaus en dinnitat e en dret. Que soun doutades de rasoû e de counscienci e qu'ous cau ayi entre eres dap û esperit de fraternitat. | |
nord-gascon | Totas las personas vasen libras e egalas en dignitat e en dre(i)t. Son dotadas de rason e de consciéncia/consciença e las i fau agir entre eras damb un esprit de fraternitat. | |||
Languedocien | Totas las personas naisson liuras e egalas en dignitat e en drech. Son dotadas de rason e de consciéncia e lor cal agir entre elas amb un esperit de frairesa. | |||
Limousin | Totas las personas naisson liuras e egalas en dignitat e en drech. Son dotadas de rason e de consciéncia e lor chau (/fau) agir entre elas emb un esperit de frairesa. | |||
Provençal | général | Totei lei personas naisson liuras e egalas en dignitat e en drech. Son dotadas de rason e de consciéncia e li cau (/fau) agir entre elei amb un esperit de fraternitat. | Tóuti/Tóutei li/lei persouno naisson liéuro e egalo en dignita e en dre. Soun doutado de rasoun e de counsciènci e li fau agi entre éli/élei em' un esperit de fraternita. | |
Niçois | Toti li personas naisson lib(e)ri e egali en dignitat e en drech. Son dotadi de rason e de consciéncia e li cau agir entre eli emb un esprit de fratelança. | Touti li persouna naisson lib(e)ri e egali en dignità e en drech. Soun doutadi de rasoun e de counsciença e li cau agì entre eli em'un esprit de fratelança. | Norme de Rancher (italianisante) : Touti li persouna naisson lib(e)ri e egali en dignità e en dreç. Soun doutadi de rasoun e de counsiensa e li cau agì entre eli em'un esprit de fratelansa. | |
Vivaro-alpin | Totas las personas naisson liuras e egalas en dignitat e en drech. Son dotaas de rason e de consciéncia e lor chal agir entre elas amb un esperit de fraternitat. | Norme de l'Escòla dau Pò : Toutes les persounes naisoun liures e egales en dignità e en drech. Soun douta de razoun e de counsiensio e lour chal agir entre eles amb (/bou) un esperit de freireso. |
Catalan | Francoprovençal | Français | Italien | Espagnol |
---|---|---|---|---|
Tots els éssers humans neixen lliures i iguals en dignitat i en drets. Són dotats de raó i de consciència, i han de comportar-se fraternalment els uns amb els altres[158]. | Tôs los étres homans nêssont libros et ègals en dignitât et en drêts. Ils ant rêson et conscience et dêvont fâre los uns envèrs los ôtros dedens un èsprit de fraternitât[158]. | Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité[158]. | Tutti gli esseri umani nascono liberi e uguali in dignità e in diritti. Sono dotati di ragione e di coscienza e devono comportarsi fraternalmente l'uno con l'altro (vers.alternative:agire con spirito di fratellanza[158]. | Todos los seres humanos nacen libres e iguales en dignidad y derechos y, dotados como están de razón y conciencia, deben comportarse fraternalmente los unos con los otros[158]. |
Norme classique modernisée | Norme félibréenne (dite mistralienne) | Norme bonnaudienne | Norme de l'École du Pô |
---|---|---|---|
-a final | -o (-a, -e) | -à | -o (-a) |
ò | o | o | o |
o, ó | ou | ou | ou |
uè, ue | ue, iue | eu (ue) | ue (ö) |
lh | i/h (lh) | lh | lh |
nh | gn | nh | nh |
s, ss c(e), c(i), ç | s, ss c(e), c(i), ç | s, ss | s |
z s entre deux voyelles | z s entre deux voyelles | z | z |
à è ò á é í ó ú | à è ò ì ù é óu òu | à è eù où é â ê î û | à è ò ì ù où é |
Toutes les consonnes finales muettes sont notées. | Certaines consonnes finales muettes sont notées. | Certaines consonnes finales muettes sont notées. | Aucune consonne finale muette n'est notée. |
Graphie bonnaudienne
[modifier | modifier le code]Cette norme a été conçue par Pierre Bonnaud. Elle ne concerne que le dialecte auvergnat qu'il considère lui-même comme une langue. Cette graphie est critiquée dans le monde de la recherche[159],[160]. Il s'agit d'une écriture basée sur la prononciation transcrite en français (le son [u] est orthographié ou) mais nh et lh sont conservés pour marquer la mouillure. L'auteur ne veut privilégier aucun parler et les localismes sont pris en compte, le mot « pelle » peut s'écrire palà, pavà, pagà ou parhà selon le lieu[161].
Voici quelques-unes des spécificités de cette norme, en particulier, l'utilisation de nombreux signes diacritiques et signes de ponctuation :
- le tréma pour marquer la palatalisation du i ou du u et sur le e pour distinguer les monosyllabes toniques des atones (më « mer ») ou éviter une prononciation à la française (pëssa « pièce », prononcé avec [ɛ] et non [e]),
- l'accent circonflexe, utilisé pour marquer l'accent tonique irrégulier mais également pour distinguer des homophones monosyllabes (cô « coup » / co « fois »). Par contre, il s'efface devant le tréma (venï « venir »),
- l'apostrophe pour marquer une aphérèse non constante (pa'rei pour pa vrei « pas vrai »), l'aphérèse constante fréquente en auvergnat n'est pas notée. Elle sert aussi à indiquer le non‑chuintement d'un s initial ('suchou « billot ») et à distinguer un pluriel d'un singulier si le contexte ne le permet pas (meizou « maison » ~ meizou' « maisons »),
- l'emploi des parenthèses sert entre autres à noter au masculin une lettre finale qui va réapparaître au féminin (blen(ch) « blanc », chi(n) « chien »),
- la lettre z est utilisée systématiquement pour rendre le son [z],
- les lettres finales non prononcées ne sont pas notées sauf pour distinguer des homonymes monosyllabiques (can « camp » ~ cant « combien ») et à la 3e personne du singulier des verbes si la consonne finale existe dans le reste de la conjugaison (sàb « il sait »).
Malgré le choix d'une graphie permettant de retrouver la forme orale de façon univoque, il faut relever l'existence de lettres de recouvrement servant à noter certaines prononciations dialectales différentes :
- à = o bref et ouvert,
- a bref et un peu indistinct ou e, a
- ch = [ts], [ʃ], [tʃ],
- j = [d͡z], [d͡ʒ], [ʒ],
- lh = [ʎ], [j],
- v = [v], [b].
Graphie de l'Escòla dau Pò
[modifier | modifier le code]La graphie de l'Escolo dóu Po également appelée Grafia Concordata, a été élaborée par une commission spéciale créée en janvier 1971 par l'Escolo Dóu Po qui comprenait entre autres des linguistes (Giuliano Gasca-Queirazza, Corrado Grassi, Arturo Genre), un enseignant (Ezio Martin) et des poètes (Antonio Bodrero, Sergio Ottonelli, Sergio Arneodo, Beppe Rosso, Remigio Bermond, Franco Bronzat). Elle avait pour but d'adapter la graphie mistralienne aux dialectes des vallées italiennes. Elle a été publiée dans le journal Lou Soulestrelh[162] le 8 août 1973.
Il s'agit d'une adaptation revendiquée de la graphie mistralienne mais elle présente certaines particularités dont celles-ci :
- eu note [Ø] (neuch « nuit »),
- ë note [ə] (tëmp « temps »),
- sh est prononcé comme sc(i) en italien,
- zh note [ʒ],
- h sert à indiquer que deux voyelles se prononcent séparément,
- x note [ð] et ç note [θ], des phonèmes présents dans la vallée du Pô,
- les diphtongues terminées par le son [u] s'écrivent avec ou comme aou, oou, etc.
Une voyelle longue est généralement notée par l'accent circonflexe (ëncoû 'encore »). Si une voyelle est en même temps tonique, fermée et longue, on écrit deux fois la voyelle avec un accent sur le premier signe (ée par exemple).
Graphie fébusienne
[modifier | modifier le code]Au milieu du XIXe siècle, un grammairien, Jean-Vastin Lespy, a déjà élaboré à partir de textes anciens et modernes, une norme adaptée à l'occitan gascon. Il n'ose pas revenir à certaines formes médiévales. Il choisit la représentation ou pour le son [u] et ne restaure pas le v prononcé [b], ni le n final non prononcé. Ses travaux sont repris par les félibres de l’Escole Gastoû Febus en 1897 qui adoptent en 1905 des normes graphiques propres, inspirées du système mistralien, mais conservant des traits spécifiques de l'ancien béarnais. Elles sont modifiées plusieurs fois pour régler certains problèmes, dont celui du e final notant des voyelles distinctes. Jean Vastin Lespy utilise en effet ce graphème pour noter :
- une voyelle issue du A latin et prononcée différemment selon les endroits,
- une voyelle atone marquant généralement le masculin et prononcée [e] en Béarn, à l'exception de la région d'Orthez où elle se prononce [ə] comme dans le cas précédent.
Dans le tableau suivant, voici les différentes solutions qui ont été proposées en prenant comme exemple les mots cause « chose » et deute « dette » :
cause | deute | Jean Vastin Lespy (1858) | notation par e de la voyelle issue du A latin et de la voyelle atone finale |
---|---|---|---|
cause | deutẹ | Simin Palay (1932) | ajout d'un point sous le e s'il ne s'agit pas de la voyelle issue du A latin |
causa | deute | Jean Bouzet (1937) | notation de la voyelle issue du A latin par a |
cause | déute | Joseph Courriades (1951) | accentuation de la voyelle de la syllabe précédant le e final s'il ne s'agit pas de la voyelle issue du A latin. Cette dernière notation n'est pas toujours appliquée. |
Il s'agit d'une graphie voulant rendre compte des différences dialectales dans la prononciation. Selon les endroits, « moi » se dit [jou] et s’écrit you ou bien se prononce [ʒou] et s’écrit jou. Les principales différences avec la graphie mistralienne sont les suivantes :
- [j] est noté y (yoenesse « jeunesse » par exemple),
- o devant une voyelle, se prononce [w] (boéu « bœuf » par exemple),
- ẹ, appelé e pointé, transcrit un [é] final atone : bàdẹ « naître »,
- où = [u] accentué et òu = [ɔu] avec accent tonique sur o (boùles « tu veux » et pòu « peur » par exemple),
- l'accent circonflexe marque la nasalisation d'une voyelle en général tonique (û cop « une fois »).
Graphie félibréenne
[modifier | modifier le code]Dès 1853, les félibres ont défini un code graphique[163] basé sur le sous-dialecte provençal rhodanien. Le succès de Mirèio (qui vaudra à Frédéric Mistral le prix Nobel de littérature) et l'édition de l'Armana Prouvençau vont en permettre la diffusion. Frédéric Mistral et le Félibrige ont fait le choix d'un système phonographique inspiré du français (son [u] noté ou, son [ɲ] noté gn) dont l’intérêt était de permettre à des locuteurs ne sachant plus lire que le français d'apprendre à lire la langue d'oc plus facilement. Cette graphie étant essentiellement basée sur la phonétique du provençal rhodanien cela a posé des problèmes lorsqu'on a voulu appliquer cette norme à d'autres variétés dialectales dont la prononciation était différente.
Les différences entre les graphèmes du français et ceux de l'écriture mistralienne sont les suivantes :
- ch se prononce [tʃ] ou [ts] selon les parlers (chato « chatte ») ;
- e se prononce [e] (cerealo « céréale ») sauf s'il est suivi par -ll (bello « belle »), -rr (bierro « bière ») ou r avec une autre consonne (serp « serpent ») car alors il vaut [ɛ] ;
- lh existe dans le Trésor du Félibrige pour représenter le son [ʎ] dans les dialectes qui l'emploient ;
- j ou g devant e ou i se prononce [d͡ʒ] mais aussi [d͡z] ou [ʒ] dans certains dialectes (fusteja « charpenter », gingoulado « plainte d'un chien ») ;
- o se prononce [ɔ] lorsqu’il est tonique (doso « dose »), [o] ou [ɔ] en finale atone selon les parlers (cremaduro « brûlure »). Il se prononce [u] dans la conjugaison de la troisième personne du pluriel des verbes du premier groupe (c'est une astuce de Mistral pour différencier le -oun tonique du -oun atone) ;
- p se prononce [w] dans trois mots : cop « coup », trop « troupeau » et cap « cap maritime » ;
- r (quand il n'est pas géminé) se prononce [r] en début de mot et [ɾ] le reste du temps, mais cette prononciation tend de plus en plus à disparaître au profit [ʁ] plus proche du français
- u se prononce [u] dans les diphtongues ;
Il faut également noter que le son [j], écrit ill en français, est noté i (Mirèio « Mireille ») ou h lorsque i est tonique (Marsiho « Marseille »).
Graphie classique modernisée
[modifier | modifier le code]Cette norme basée sur l'écriture médiévale de l'occitan ajoute un processus de codification des mots modernes. Elle a vocation à écrire l'ensemble des dialectes de la langue occitane. C'est pourquoi cette graphie est la seule à être utilisée sur l'ensemble de l'espace occitan[155]. La graphie classique de l'occitan a été mise au point aux XIXe et XXe siècles par Simon-Jude Honnorat[164], Joseph Roux[165], Prosper Estieu, Antonin Perbosc, Louis Alibert[166] et Joseph Salvat[167]. Elle a été stabilisée et étendue à l'ensemble des dialectes occitans entre 1950[168] et 1969[169],[170],[171]. Elle a plus particulièrement été adaptée à l'aranais[172], au gardiol[173] et au vivaro-alpin parlé dans le Piémont[174]. Par ailleurs il convient d'ajouter que la graphie classique d'Honnorat se distingue légèrement des autres auteurs dans la mesure où elle utilise le -ou pour remplacer le -o en Occitan et elle utilise également -gn pour remplacer le -nh. À ce titre, Montanha dans la norme classique actuelle s'écrit Mountagna chez Honnorat.
Exemples de graphie occitane classique
[modifier | modifier le code]Lecture et prononciation de la graphie découlant de la norme classique de l'occitan :
- « a » final atone : le plus souvent [o], [oe] mais est maintenu [a] à Nice, Montpellier, Saurat, Orange, Pontacq et dans les Alpes (exemple : Niça) ; [e] près de Lunel ; [ə] à Bessan[175].
- « o » > [u], « ou » français (exemple : lo solèu >[lu suˈlɛw])
- « ò » = o ouvert français ([ɔ]), diphtongue de façon plus ou moins systématique en [we], [wɔ] (fréquente notamment en provençal ; [wa] en niçois et provençal alpin) selon les régions et les termes concernés
- « nh » > [ɲ], « gn » français (exemple : la montanha > [la munˈtaɲo])
- « lh » > [ʎ] (ll castillan et catalan ; gli italien ; lh portugais) (exemple : la filha > [la ˈfiʎo]), neutralisé en [j] dans une bonne partie du domaine provençal
Prononciations de l'occitan selon la norme classique
[modifier | modifier le code]Il n'y a pas une prononciation unique de l’occitan puisque, par définition, la norme classique permet de lire les différents dialectes. Elle se fait selon des règles de lecture propres à chaque dialecte, et il existe donc de nombreuses exceptions. À partir de lettres de base, l’occitan utilise des symboles modificateurs qui changent la prononciation de certaines lettres, ou simplement marquent une tonicité dans le langage comme : l’accent fermé ('), l’accent ouvert (`) et la diérèse (¨), ou le point de séparation entre s et h ou n et h (s·h ; n·h) en gascon.
Voyelles
- a:
- -a-, a- et à se prononcent [a]
- -a et á final se prononcent [ɔ], ou [a] (selon les dialectes) de même que -as et -an: a atone. Il peut exceptionnellement se prononcer [u] pour la terminaison du présent de l'indicatif du premier groupe : cantan [kantun]. À noter que le [ɔ] ne se prononce pas comme un -o traditionnel mais s'en rapproche. En réalité c'est un son intermédiaire entre -a et -o presque muet qui ressemble au -o de "sort". Pour Mistral, les niçois auraient pu adopter le -o du féminin car leur -a se rapproche du "-o" final provençal.
- e:
- e ou é se prononcent [e]
- è se prononce [ɛ]
- i ou í se prononcent [i] (i > [j] dans une diphtongue)
- o
- o ou ó se prononcent [u] ou [w]
- ò se prononce [ɔ]
- u se prononce [u], [y] ou [ɥ] en position semi-vocalique, excepté quand il est après une voyelle [w]. Ex : lo capeu [kapeu] : le chapeau (provençal)
Consonnes
- b: [b]/[β] ; [p] en position finale (comme en catalan).
- c: [k]. [s] devant « e » et « i ». Quand il est double cc: [ts]
- ch: [tʃ]
- ç: [s], lettre d'origine espagnole ayant disparu en Espagne, elle servit à remplacer beaucoup de -s, -ts, -tz, -ti qui ont pour certains remplacé des -c étymologique (ex: provincia > provensa > provença ; autre exemple pour montrer qu'elle ne revient pas nécessairement au -c étymologique, joventia > joventa > jòvença ou Martius > Mars/Marts (mistralienne) > Mars/Marts/Març (classique)). À la différence de l'écriture mistralienne, l'utilisation de la cédille pour la lettre -c est plus répandu dans l'écriture classique, même si certains occitanistes préfèrent limiter le -ç à la façon de la norme mistralienne.
- d: [d]/[ð] ; [t] en position finale (comme en catalan).
- f: [f]
- g: [g]/[ɣ] devant « a », « o », « u ». [dʒ] devant « e » et « i ». Quand il est final, il se prononce [tʃ] (freg, ensag, mièg > [ˈfretʃ], [enˈsatʃ], [ˈmjɛtʃ]), parfois [k] (sociològ > [susiuˈlɔk]). gu devant « e » et « i » se prononce [g]/[ɣ]
- h: muet
- j: [dʒ]
- k: [k]
- l: [l]. Un double ll, se prononce [ll]. (lo capel en dialecte languedocien : le chapeau)
- lh: [ʎ], en position finale : [l]
- m: [m], final [m] (en Gascon) ou [n] (en dialecte languedocien). En double mm, [mm]
- n: [n]. Muet en position finale. [m] devant « p », « b » et « m ». [ŋ] devant c/qu et g/gu. [ɱ] devant « f ». nd et nt [n]
- nh: [ɲ]. En position finale [n]
- n·h : [nh] : eth con·hòrt (le confort)
- p: [p]
- qu: [k] devant « e » et « i »; [kw] autrement
- qü: [kw]
- r: [r] et [ɾ]. En position finale, il est muet dans la majorité de mots. rn, rm > [ɾ]
- s: [s]. [z] entre voyelles. ss donne [s]
- sh : [ʃ]
- s·h : [sh] : l'es·hlor (la fleur)
- t: [t]. ts : [ts] ; tg/tj: [tʃ]. tl: [ll]. tn: [nn]. tm: [mm]. tz: [ts] th : [tt] (eth/lo capèth : le chapeau en gascon) ou [s] (capvath)
- v: [b]/[β]
- w: [w], [b]/[β]
- x: [ts], [s] devant une consonne
- y: [i]/[j]
- z: [z], [s] en position finale
Normes littéraires
[modifier | modifier le code]Trois normes littéraires régionales ont acquis une certaine notoriété.
- La norme littéraire gasconne, basée sur le parler du nord du Béarn, a bénéficié du prestige d'ancienne langue officielle d'État. Elle est utilisée dans toute la zone dialectale gasconne.
- La norme littéraire provençale est basée sur le parler rhodanien. Il a acquis du prestige grâce à sa mise en avant par le Félibrige à l'origine du renaissantisme occitan et aux œuvres littéraires créées par Frédéric Mistral, récompensé du prix Nobel de littérature. Elle est utilisée uniquement dans les zones dialectales provençales rhodanienne et maritime.
- La norme littéraire languedocienne est basée sur le travail de Louis Alibert. Il s'est inspiré de la normalisation du catalan et a choisi des formes orientalisantes du languedocien. Après-guerre, les succès de l'occitanisme ont déplacé le centre de gravité du mouvement occitan de la Provence rhodanienne (Arles) au Languedoc méridional (Toulouse, Montpellier). La norme littéraire languedocienne est utilisée dans toute la zone dialectale languedocienne et sert de base plus ou moins bien acceptée pour l'occitan référentiel.
Aucune norme littéraire n'a réussi à s'implanter dans toute l'Occitanie.
Standardisation
[modifier | modifier le code]Une langue standardisée répondrait aux besoins d'usages modernes de l'occitan : enseignement, études universitaires à l'étranger, médias et autres moyens de communication[176]. La situation actuelle de l'occitan oblige à créer plusieurs versions dialectales d'un même produit au détriment de la diversité de production [177]. Selon le conseil de la langue occitane (CLO), une forme standard permet à l'occitan de répondre à toutes les fonctions de communication d'une langue dans la société moderne, d'enregistrer les formes essentielles de la langue et de les rendre accessibles à tous, de donner des bases solides aux apprenants en évitant l'insécurité linguistique, de faciliter la diffusion massive de l'occitan dans la société et de favoriser le bien-être culturel de la population occitane en mettant à sa disposition un type d'occitan largement accessible et revalorisé[178].
Koinè occitane
[modifier | modifier le code]La koinè occitane[179] était une forme d'occitan supradialectal disparu vers le XVIe siècle à la suite de bouleversements politiques.
Occitan de Navarre
[modifier | modifier le code]La scripta occitane de Navarre était une forme écrite d'occitan utilisée comme langue juridique officielle dans le Royaume de Navarre aux XIIIe et XIVe siècles[180]. Elle semble composée d'une base de koinê archaïsante du languedocien méridional et de scripta navarro-romane, avec des ajouts importants de gascon, de catalan et d'aragonais ainsi que possiblement quelques apports de langue d'oïl et du castillan.
Standards littéraires régionaux
[modifier | modifier le code]Plusieurs standards littéraires régionaux de l'occitan développés au cours des XIXe et XXe siècles sont parvenus à un niveau plus ou moins avancé de standardisation[181],[182] :
- l'auvergnat (standard embryonnaire)
- le gascon (standard avancé)
- le languedocien (avancé)
- le limousin (avancé)
- le provençal nissard (moyennement avancé)
- le provençal général (avancé)
- le vivaroalpin (embryonnaire).
On assiste depuis 1990 à la standardisation de sous-dialectes hors de France : l'aranais, forme locale du gascon d'Espagne ; et le cisalpin (ou alpin oriental) qui est un ensemble hétérogène du vivaroalpin d'Italie incluant aussi le dialecte transitionnel royasque[93].
L'occitan large
[modifier | modifier le code]Outre ces expériences de normes littéraires, du côté de la norme classique, la volonté consciente de fixer une variété standard en occitan est apparue dans les années 1970 avec les recherches des linguistes Pierre Bec, Robert Lafont, Roger Teulat, Jacme Taupiac, suivis dans les années 1980 par Patrick Sauzet. La variété standard est appelée selon les auteurs occitan référentiel, occitan standard ou plus récemment occitan large (occitan larg, P. Sauzet). Selon le consensus de la majorité des spécialistes qui travaillent sur ce projet, l'occitan large se compose :
- d'une variété générale qui se base sur le dialecte languedocien, considéré comme dialecte intermédiaire, sans aucune notion de supériorité,
- d'adaptations régionales du standard, prenant en compte certains traits dialectaux typiques, tout en conservant une grande convergence et une conception unitaire. C'est une manière de fédérer dans l'occitan large les différentes normes littéraires régionales qui se sont développées au cours du XIXe et du XXe siècle.
À l'heure actuelle, le concept d'occitan large est encore mal compris. Des occitanistes y sont opposés car ils croient que celui-ci est basé seulement sur le dialecte languedocien alors que les spécialistes de la standardisation de l'occitan acceptent le principe d'une solution pluricentrique avec des adaptations régionales. De cette manière, tous les grands types régionaux de l'occitan restent égaux en valeur et en dignité[183].
Dans l'unique territoire où l'occitan est pleinement reconnu comme langue officielle, la Catalogne, deux variétés codifiées de l'occitan sont soutenues: l' aranais (gascon local du Val d'Aran) et l'occitan général basé sur le languedocien[184],[185].
Les critiques avancées contre l'occitan référentiel découlent de l'usage par défaut du languedocien littéraire de Louis Alibert. Celui-ci a choisi des formes orientalisantes de l'occitan, s'éloignant artificiellement de l'auvergnat, du groupe gascon dont l'aranais qui est officiel en Catalogne, et même d'une part notable du reste du languedocien[186]. En effet, la mise en place d'un occitan référentiel neutre nécessite d'énormes efforts de recherche sur les usages linguistiques pour en faire ressortir les formes les plus communes et les mieux acceptées par les locuteurs[187]. Cet objectif d'élaboration et de promotion de l'occitan standard ne disposant pas des ressources nécessaires à la vue des moyens disponibles pour une langue non-étatique. Par défaut, la reprise du travail d'Alibert est la solution la plus efficace à mettre en place. Pour remédier à ces problèmes, il a été proposé de réintégrer le baléare-catalan-valencien dans l'occitan standard. Ce qui permettrait de rééquilibrer les choix linguistiques en donnant plus de poids aux formes aquitano-pyrénéennes, de disposer d'une masse importante de locuteurs potentiels, et d'obtenir les moyens essentiels à son développement. Toutefois, le catalan standard est aujourd'hui bien implanté et l'identité catalane moderne, séparée de l'occitane, traduisent un manque d'intérêt du côté catalan[188],[189]
Standardisation bicéphale
[modifier | modifier le code]Lors de l'officialisation de l'occitan dans la communauté autonome de Catalogne, le gouvernement a été confronté à la nécessitée d'une forme standard de l'occitan. Pour les raisons indiquées ci-dessus, l'occitan large est jugé trop éloigné de l'occitan aranais. En effet, l'aranais fait partie des formes pyrénéennes du gascon qui cumulent toutes ou quasiment toutes les caractéristiques spécifiques attribuées à l'idiome gascon. Pour comparaison avec le gascon vernaculaire de la région bordelaise, la zone la plus peuplée de Gascogne, celui-ci est beaucoup plus proche des autres dialectes occitans. Par exemple, la transformation emblématique du F latin en H aspiré gascon est absente. La Generalitat de Catalogne a alors choisi d'utiliser deux standards de l'occitan: le référentiel basé actuellement[C'est-à-dire ?] sur le standard littéraire languedocien de Louis Alibert et un standard spécialement conçu pour le Val d'Aran. Si un rapprochement n'est pas effectué entre les deux formes, l'occitan pourrait garder un caractère double comme le norvégien bokmål et nynorsk. Le Béarn, lui aussi accroché au piémont pyrénéen, a été le lieu de naissance et de développement principal du standard littéraire gascon largement répandu en Gascogne. Dans ces conditions, sa connexion avec le standard gascon aranais accentuerait les divergences d'élaboration au sein de l'occitan.
Ci-dessous la signification des principaux isoglosses caractérisant le gascon :
1 | -II- > -r- entre voyelles (anhèra ‘agnelle’ < lat. agnella) -ll- > -th en fin de mot (anhèth ‘agneau’ < lat. agnellum) |
2 | f > h (haria ‘farine’ < lat. farina) |
3 | r- > arr- (arren ‘rien’ < lat. rem) |
4 | amuïssement de -n- entre voyelles (lua ‘lune’ < lat. luna) |
5 | -nd- > -n- (tóner ‘tondre’ < lat. tondere) |
6 | métathèse: praube ‘pauvre’ < lat. pauperum |
7 | Syntaxe: utilisation du “que énonciatif” en énoncé assertif (ex. que bieni ‘je viens’) |
8 | Syntaxe : type quan lo men hilh e sia gran, fr. ‘quand mon fils sera grand’ (subjonctif en subordonnée temporelle à valeur future) |
9 | Articles définis eth ‘le’ < lat. illum, era ‘la’ < lat. illa |
10 | Lexique: maishèra ‘joue’ < lat. maxilla ≠ gauta, jauta (autres variétés occitanes) < celt. gabata |
11 | Lexique: tòs ≠ abeurador (autres variétés) : ‘abreuvoir’, tistèth ≠ panièr (autres variétés) : ‘panier de vendangeur’ |
Convergence inter-dialectale
[modifier | modifier le code]On assiste dans certaines conditions à la convergence inter-dialectale d'une langue non-standardisée, comme dans l'alémanique de Suisse nommé suisse allemand. Plusieurs phénomènes modernes peuvent aboutir au même résultat pour l'occitan:
- Les déplacements inter-régionaux de personnes parlant des variantes différentes d'occitan (tourisme, emploi, retraite,etc.).
- L'usage de différents dialectes dans des productions audiovisuelles, parfois au sein de la même émission télévisée ou radiophonique, d'un seul film, dessin-animé ou reportage.
- Le développement d'internet, grâce auquel différentes formes d'occitan sont utilisés dans les articles, les commentaires et les forums, parfois au sein du même média.
- Les méthodes d'enseignement de la langue occitane qui privilégient un idiome et initient les apprenants à d'autres dialectes[190].
- Les dictionnaires et les glossaires occitans qui rassemblent un choix de mots, d'expressions idiomatiques et grammaticales multiples illustrent l'évolution inter-dialectale du lexique occitan[191],[192],[193].
Le résultat de cette convergence inter-dialectale de l'occitan pourrait être bien acceptée par les locuteurs de différentes variantes car il serait perçu comme une évolution "naturelle" et non "imposée". Cependant, il conserverait longtemps une variabilité interne forte et souffrirait d'un manque de normativation. À terme, il existerait une forme standard de l'occitan et des régionalismes dans l'utilisation de celui-ci.
Néo-koinè panoccitane
[modifier | modifier le code]La création d'une koinè a été proposé par plusieurs auteurs afin de doter le diasystème occitano-roman (occitan et catalan) d'une langue écrite qui ne sera pas complètement unifiée ni phonétiquement ni graphiquement. Elle ne serait pas en opposition avec la diversité des variétés linguistiques parlées, comme le serait par exemple l'imposition d'un dialecte comme standard[194],[189]. De plus, chaque région pourrait conserver sa propre lecture orale tandis que l'écrit serait commun. Sa constitution permettrait de résoudre les problèmes liés à la normativation dans le domaine occitano-roman. Parmi les éléments en faveur de ce standard, les auteurs citent aussi l'existence d'une civilisation commune entre Occitans et Catalans et d'une conscience de cette unité au fil des siècles; la masse importante de locuteurs potentiels; la centralité dans le monde latin de cet idiome ce qui pourrait en faire une langue opérationnelle dans toute l'aire romane européenne. Par contre, si cette koïnè serait reçue avec sympathie en Occitanie, elle pourrait être vue comme une trahison par les Catalans qui n'ont pas besoin d'une langue et d'une graphie communes. On peut se poser également des questions sur le succès d'implantation de cette langue artificielle si on se réfère à d'autres cas comme le norvégien landsmaal. Cependant, elle aurait le mérite de débarrasser le catalan et l'occitan des interférences linguistiques françaises ou espagnoles. Elle pourrait résoudre plusieurs problèmes du côté occitan. L'occitan référentiel est perçu comme trop languedocien à l'extérieur du Languedoc et trop éloigné des parlers populaires à l'intérieur. Le gascon connaît des difficultés à s'intégrer dans l'ensemble occitan particulièrement avec l'occitan référentiel qui en se recentrant plus au nord s'est éloigné des formes catalanes et gasconnes. Dans le domaine vivaro-alpin qui est un dialecte nord-occitan peu connu, souvent confondu avec le provençal, la tendance régionaliste est faible donc le projet d'une langue commune peut intéresser. Des propositions concrètes d'une koinè occitano-romane sont proposées plus récemment en Espagne[195].
Le Basic
[modifier | modifier le code]Le Basic est un projet de lexique mettant l'accent sur ce qui est commun au sein de l'occitan[196]. Le but est de contribuer à montrer l'unité de la langue occitane tout en respectant sa diversité interne. Le congrès permanent de la langue occitane (CPLO) a constaté que presque tous les lexiques et dictionnaires en graphie classique sont dialectaux ou proposent un standard qui n'est pas unanimement accepté. Paradoxalement, les variations géographiques ont été beaucoup plus étudiées que ce qui est commun à tout l'occitan. « Le Basic, en plus de favoriser la conscience de l'unité de la langue, doit permettre de relativiser la variation et surtout de faciliter l'intercompréhension entre variantes, l'ouverture à l'ensemble de l'occitan qui fait souvent défaut[196]. » Le projet en cours est disponible sous forme de lexique français-occitan: Basic (commun gasc-lang)
Unité ou négation historique de la langue d'oc
[modifier | modifier le code]Gaston Paris et le continuum linguistique roman
[modifier | modifier le code]La délimitation des langues romanes[197], aux XIXe et XXe siècles, a fait l'objet de débats, essentiellement en France, sur l'appartenance ou non de l'espace d'oc au français. Alors que les premières grammaires des langues romanes[198] séparèrent nettement le provençal (au sens large de langue d'oc) du français, tout un courant autour de Gaston Paris s'attacha à présenter l'unité des dialectes gallo-romans (français, francoprovençal, occitan) en développant la théorie du continuum des parlers romans (l'enquête de Charles de Tourtoulon et d'Octavien Bringuier, en 1876[199], est lancée par le Félibrige pour contredire cette théorie). Cette négation de l'occitan, de son existence en tant que langue indépendante, se traduisit par des appellations diverses :
- premièrement, l'insistance sur la dichotomie langue d'oc et langue d'oïl : le français ancien aurait connu deux modalités, qui auraient en quelque sorte fusionné dans le français moderne[200]
- secondement, des appellations purement géographiques : dialectes romans du Midi de la France, langue romane du Midi de la France, français du Midi[201], littérature méridionale[202] ; ce déni va se poursuivre jusque dans les publications récentes[203].
Aujourd'hui, l'existence d'une frontière linguistique entre l'occitan et le français est largement reconnue[199]. Alors que la délimitation de l'occitan par rapport aux langues romanes voisines est moins évidente.
Une langue d'oc ou plusieurs ?
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Alors que cette dichotomie a fait place, dans la plupart des ouvrages sur les langues romanes[204],[205],[206] à une reconnaissance assez large de l'occitan comme langue distincte du français, c'est l'unité de la langue qui a été remise en cause à partir de la fin des années 1960 par un certain nombre de mouvements régionalistes.
Louis Bayle, écrivain et linguiste provençal[207], anime l'Astrado, association et maison d'édition provençale. Après avoir critiqué l'adaptation de la graphie classique au provençal[208],[209], il multiplie les publications hostiles à l'occitanisme[210],[211] et même au Félibrige avec lequel il finira par rompre[212]. En 1975, l'Astrado publie, en collaboration avec Pierre Bonnaud[213], un document sous la signature de la CACEO (Confédération des associations culturelles et enseignants d'oc), qui remet en cause l'unité de la langue d'oc[214]. Cela se traduit, début 1976, par une circulaire du ministère de l'éducation (René Haby) utilisant pour la première fois le terme au pluriel « langues d'oc ». L'Astrado publiera par la suite, en 1980, un ouvrage de Jean-Claude Rivière[215], Langues et pays d'oc, qui développe le concept de langues d'oc au pluriel[216].
Dès 1976[217], le Secteur de linguistique de l'Institut d'études occitanes a rejeté l'ensemble de ces arguments en rappelant :
- que l'IEO ne préconise aucune langue unifiée, mais s'appuie au contraire sur l'enseignement des variétés locales ;
- que les partisans des « langues » au pluriel font la confusion entre la langue objet de description (et de prescription) linguistique et la langue comme moyen de communication.
Cette utilisation officielle de « langues d'oc » au pluriel (par ailleurs sans suite) soulève des protestations d'autant qu'elle est assortie, en Provence, à l'interdiction de toute graphie autre que mistralienne[218] (alors qu'au contraire, en Auvergne, les partisans de P. Bonnaud et de la graphie classique finissent par se « partager » le terrain[219]). À la suite du changement de majorité politique en France, en 1981, la pluralité des graphies est rétablie.
Les tensions s'apaisent un temps pour aboutir à la création, fin 1991, du CAPES d'occitan-langue d'oc (il porte les deux noms, et le premier jury est composé d'un panel d'occitanistes tel Gérard Gouirand et de provençalistes comme Claude Mauron). Dans la même période, Philippe Blanchet propose une nouvelle théorie sociolinguistique pour expliquer la séparation du provençal de l'occitan[220].
Néanmoins, les partisans des « langues d'oc » au pluriel (l'Astrado a rejoint une association appelée « Collectif Provence[221] ») se font de nouveau entendre dans les années 2000 avec d'une part l'émergence d'un Enstitut Biarnés e Gascoûn, en Béarn[222], et d'autre part Aigo Vivo, en Cévennes[223]. Les manifestations bisannuelles pour l'occitan, organisées par l'Institut d'études occitanes, le Félibrige, la FELCO, la Confédération des calandretas et Oc-Bi (Carcassonne, 2005, Béziers, 2007, Carcassonne, 2009[224], 13 000 personnes selon la police) sont assorties de contre-manifestations « pour les langues d'oc ». La dernière en date, qui s'est déroulée le 3 octobre 2009 entre Beaucaire et Tarascon[225],[226], a regroupé 500 personnes. En parallèle, certains hommes politiques, dont Michel Vauzelle[227], Jean-Claude Gaudin[réf. nécessaire], Michel Charasse[228] ou Christian Estrosi[229],[230] soutiennent publiquement cette revendication.
Langue littéraire unifiée
[modifier | modifier le code]Entre le XIe siècle et le XIIIe siècle, il existe une langue littéraire nommée par les troubadours du nom générique de « langue romane » ou « roman » pour la différencier du latin. Les auteurs modernes l’ont nommée koinè sur le modèle de la koinê grecque, qui était une forme de grec relativement unifié sous la période hellénistique (300 av. J.-C. - 300 ap. J.-C.). À partir du XIXe siècle, l’hypothèse dominante lancée par Camille Chabaneau en 1876 fut que la « langue romane » utilisée par les troubadours avait pour base le dialecte limousin. La présence de certains des premiers troubadours originaires du Limousin et de la Gascogne à la cour de Guillaume X (1126-1137), fils du premier troubadour Guillaume IX, explique la diffusion de cette langue littéraire au sein du duché d'Aquitaine. Le futur Languedoc et la Provence ne connurent les troubadours que par la suite dans la seconde moitié du XIIe siècle. L’autre hypothèse avancée d'une origine poitevine s'appuie sur l'idée que le dialecte poitevin parlé à la cour de Guillaume IX d'Aquitaine faisait partie de la langue d’oc et que le prestige du duc aurait permis ensuite la diffusion de cette langue dans tout l’espace troubadouresque. La dernière hypothèse apparue dans les années 1950 considère la langue littéraire comme une langue classique forgée à partir des textes trouvés dans l’occitan central, région où ont été conservées les plus anciennes chartes en langues d’oc datant du XIe siècle.
Pierre Bec, spécialiste des troubadours, indiquait dès 1967 qu’« Il est d’ailleurs difficile de juger de cette langue avec précision puisque nous n’en connaissons qu’une pâle copie, celle que les scribes ont bien voulu nous transmettre dans les différents manuscrits. Si substrat dialectal il y a, c’est souvent celui du copiste qui se manifeste à son insu. Et là, bien souvent, règne l’arbitraire le plus absolu : à un vers d’intervalle, tel ou tel mot se présente, non seulement avec une autre graphie, mais avec un phonétisme appartenant à un dialecte absolument différent. Et que dire encore si l’on compare, à propos d’un même texte, les diverses leçons léguées par les manuscrits ! Il est impossible de dire exactement dans quelle langue ont été écrites les poésies des troubadours. »[231]
La place du catalan et du gascon
[modifier | modifier le code]Le gascon et le catalan posent un problème de classification au vu de certains traits ibéro-romans[232]. Dans son ouvrage Linguistique romane, le romaniste Martin-Dietrich Glessgen opte pour classer le gascon dans l'ensemble occitan. La place du catalan a longtemps fait débat, les mouvements de renaissance de la langue (Félibrige, occitanisme des années 1930) l'ayant longtemps inclus dans la langue d'oc[197].
Classification des parlers occitans
[modifier | modifier le code]L'occitan forme un continuum linguistique. Cependant, pour des raisons de catégorisation linguistique, des dialectes ont été définis. Selon Ronjat[233], le gascon constitue le seul dialecte clairement différencié, les limites entre les autres dialectes restant floues. En dehors de la classification dialectale usuelle, il existe d'autres méthodes de classification scientifique des parlers occitans. Ainsi, un modèle réaliste du continuum occitan est proposé par les méthodes dialectométriques, développées notamment par Hans Goebl[234].
Dialectes de l'occitan
[modifier | modifier le code]Classification dialectale classique
[modifier | modifier le code]L’occitan est généralement[235] classé en six dialectes :
- l’auvergnat
- le gascon, considéré parfois avec ses spécificités comme une langue distincte se rapprochant de l'ibéro-roman à l’instar du catalan
- l’aranais est la variété de gascon pyrénéen en usage dans le Val d’Aran (en Catalogne), où elle a un statut de langue officielle.
- le béarnais a été considéré comme une langue distincte du gascon jusqu'aux années 1930. Il s'agit en fait du gascon parlé sur le territoire de la principauté de Béarn.
- la langue sifflée pyrénéenne était utilisée à Aas, dans la vallée d’Ossau (Béarn). Elle se base sur la phonétique du gascon de cette région. Les langues sifflées sont rares dans le monde. Dans le cas des Pyrénées, elle permettait une communication à longue distance[236].
- le languedocien
- le limousin
- le marchois est la forme septentrionale du limousin. Parlé dans le nord de la Haute-Vienne et de la Creuse, il présente des influences d'oïl, notamment dans la prononciation et l'amuïssement des voyelles finales.
- le provençal
- le niçois est généralement rattaché linguistiquement au provençal, malgré son originalité phonétique[237] mais est parfois décrit comme un dialecte à part par certaines associations diverses compte tenu du fait que le Comté de Nice s'était politiquement séparé de la Provence et qu'en Provence il y a une tendance à reconnaître les dialectes provençaux en langue (ex: langue provençale (maritime et rhodanien), niçois, gavot) même si les linguistes réfutent quasi-systématiquement ces dires.
- le vivaro-alpin[238]
Le catalan est considéré par la plupart des auteurs comme une langue séparée mais d'autres incluent les parlers catalans dans l'occitan.
- Gascon
- Limousin
- Auvergnat
- Vivaro-alpin
- Provençal
- Languedocien
Autres classifications dialectales
[modifier | modifier le code]- Dialectes de l'occitan selon Frédéric Mistral.
- Les dialectes de l'occitan selon Jules Ronjat.
- Les dialectes de l'occitan selon Jacques Allières.
- Dialectes de l'occitan selon Pierre Bec.
L'universitaire provençal Guy Martin se rapprochait dans son livre Grammaire provençale de la thèse de Pierre Bec concernant la classification linguistique de l'occitan. Il ne faisait pas de distinction particulière entre ce que Mistral appelait le dialecte provençal (Sud-Occitan) et le dialecte dauphinois (Nord-Occitan). Il présentait le dialecte Nord-Occitan dans sa partie orientale comme un dialecte « difficilement séparable sur le plan socio-linguistique » vis-à-vis de celui sud-occitan oriental compte tenu que la Provence s'étendait autrefois sur ce territoire mais indissociable sur le plan géo-linguistique avec le limousin et l'auvergnat. Ainsi, Guy Martin parle dans son livre d'un occitan oriental qui reprend grosso modo les mêmes délimitation du provençal proposées par Jacques Allières. À la différence de Mistral, il nomme la partie Nord-occitane en dialecte rhodano-alpin (ou vivaro-alpin) et la partie Sud-occitane en dialecte rhodano-méditerranéen qui reprend les délimitations données au provençal. Le premier se divise en trois sous-dialectes que sont l'intra-alpin (central, méridional, septentrional), le nord-rhodanien (méridional, septentrional) et l'inalpin (ou transalpin) alors que le second comprend le maritime (occidental, varois, oriental), le bas-rhodanien (central, oriental, occidental, septentrional), une zone d'interférence (rhodanien / maritime et maritime / alpin), ainsi que le « complexe niçois » (côtier, intérieur, oriental).
Classifications supradialectales
[modifier | modifier le code]Classification supradialectale classique
[modifier | modifier le code]La classification supradialectale classique[239] de l'occitan est la suivante :
- Gascon
- Nord-occitan
- Occitan moyen (ou Occitan méridional)
Classification supradialectale selon Pierre Bec
[modifier | modifier le code]Pierre Bec établit une autre classification[240] selon les lignes suivantes :
- Arverno-méditerranéen[240]
- Limousin
- Auvergnat
- Vivaro-alpin
- Provençal, inclus le sous-dialecte nissart
- Occitan central[241], le dialecte languedocien, excepté le sous-dialecte sud-languedocien.
- Aquitano-pyrénéen[240]
- sous-dialecte sud-languedocien
- Gascon
- Le catalan-valencien-baléare est une langue Ausbau qui est devenu indépendante de l'occitan mais qui est de souche aquitanopyrénéenne.
Classification supradialectale selon Domergue Sumien
[modifier | modifier le code]Plus récemment, la classification supradialectale a été reformulée par le linguiste Domergue Sumien[242] :
- Arverno-méditerranéen (Arvernomediterranèu)
- Nissardo-alpin (Niçardoaupenc)
- Provençal niçard
- Alpin (vivaro-alpin de l'Est)
- Transoccitan
- Limousin
- Auvergnat
- Vivarodauphinois (vivaro-alpin de l'Ouest)
- Provençal général (provençal maritime et rhodanien, sans le niçard)
- Nissardo-alpin (Niçardoaupenc)
- Pré-ibérique (Preïberic)
- Occitan central
- Languedocien (excepté le sous-dialecte languedocien méridional)
- Aquitano-pyrénéen (Aquitanopirenenc)
- Languedocien méridional (toulousain, fuxéen, donésanais, narbonnais, carcassonnais)
- Gascon
- Catalan (langue par élaboration devenue indépendante de l'occitan)
- Occitan central
Anciens dialectes
[modifier | modifier le code]Occitan de l'Aguiaine †
[modifier | modifier le code]Les anciens dialectes d’oc du nord-ouest : du Poitou, de l'Aunis, de la Saintonge ainsi que de l'Angoumois, ont été progressivement remplacés du nord au sud par des dialectes d’oïl entre le XIIe et le XXe siècle[243],[244]. Les parlers d’oïl actuels de ces régions conservent de nombreux traits d’origine occitane. Ainsi Liliane Jagueneau (linguiste, université de Poitiers) déclare « Le lexique poitevin-saintongeais a un grand nombre de termes en commun avec l’occitan, et on peut dire que sur le plan lexical en particulier, le poitevin-saintongeais est le prolongement de l’occitan en domaine d’oïl »[245]. Pierre Bonnaud (université de Clermont-Ferrand) avait auparavant quant à lui établi une liste de 1 200 vocables communs au poitevin-saintongeais et à l'occitan et déclaré « Dans ce domaine, il n’est pas exagéré de dire que quelqu’un qui voudrait choisir ses mots avec soin en poitevin-saintongeais pourrait pratiquement parler un occitan en phonétique d’oïl ! »[246]. Jacques Pignon (linguiste, université de Poitiers) avait quant à lui dès 1960 établi la présence en poitevin de neuf traits phonétiques et de sept formes grammaticales communs avec l'occitan[247]. Pierre Bec dans le compte rendu qu'il fait du travail de Jacques Pignon pense quant à lui que ce sont 10 traits phonétiques qui sont communs au poitevin et à l'occitan et non 9, le traitement poitevin du suffixe arius pouvant selon lui s'expliquer par une continuité avec le gascon[248]. Ces régions avaient apparemment un dialecte occitan spécifique, très proche du limousin. Il était le dialecte d’expression poétique du troubadour Richard Cœur de Lion (Richard Còr de Leon), roi d’Angleterre et prince-duc d’Aquitaine, et de nombreux troubadours (occitanophones) étaient originaires de ces régions, par exemple Jauffré de Pons et Rigaut de Barbezieux, tous deux de Saintonge[249].
L’existence de parlers de type occitan, ou tout au moins de types intermédiaires, est confirmée par de nombreux noms de lieux de la Saintonge, de l'Angoumois et du Sud du Poitou. On dit souvent que cette limite est liée à celle qu'Henri Malet a tracée en 1940, en se basant sur les noms de communes, coupant les Charentes entre nord et sud, entre les toponymes en -ac, de caractère occitan : Cognac, Jarnac ou Jonzac, et de l’autre les toponymes en -ay, -é ou -y de type septentrional : Beurlay, Londigny ou Luxé, provenant tous deux des noms gaulois ou de villae gallo-romaine en -acum[250],[251]. Mais en 1960 Jacques Pignon remonte cette limite en Poitou, en se basant sur les noms de hameaux moins sujets à francisation, montrant la présence de toponymes en -ac (qui reflèterait des évolutions phonétiques propres à l'occitan) dans le nord-ouest de la Charente (Ruffécois), le nord-est de la Charente-Maritime (région d'Aulnay), le sud des Deux-Sèvres (région de Melle) et dans le sud et l’est de la Vienne (régions de Civray, Montmorillon, Chauvigny et sud de Poitiers)[252]. O. Herbert l’a démontré dans son travail de diplôme « Les noms de lieux de la Vienne à la limite des domaines français et provençal ». Jacques Pignon estime que l’on a usé d’un parler de type occitan dans le sud-est du Poitou jusqu’à la fin du XIIe siècle, jusqu'à une ligne approximative Rochefort-Est de Niort, Poitiers-Chauvigny. Ce serait l’influence de Poitiers qui a fait peu à peu triompher les formes d’oïl sans éliminer totalement tous les traits phonétiques propres à l'occitan. Pierre Gauthier (linguiste, université de Nantes) démontre par la suite la présence de quelques toponymes en -ac en sud Vendée (Bas-Poitou), jusqu'à Fontenay-le-Comte et Talmont-Saint-Hilaire[253], il en déduit en 2002 que l'ancienne zone occitane montait jusqu'à « une ligne Poitiers, Niort, Fontenay-le-Comte »[254]. En 2015, Jacques Duguet, complète les données relevées par Jacques Pignon, en recherchant cette fois des traits de phonétique occitane non plus simplement dans les textes anciens en langue vulgaire, mais dans les cartulaires et chartes en latin. Il densifie les occurrences de nombreux traits occitans dans la zone où Jacques Pignon en avait trouvé, et y ajoute le sud Deux-Sèvres (vallée de la Sèvre) et le nord-est Vienne (Châtelleraudais)[255].
Dans le sud de la Saintonge, le clivage beaucoup plus brutal entre saintongeais et gascon fait penser plutôt à une cause accidentelle. L’abbé Th. Lalanne trouve l’explication dans les dévastations de la guerre de Cent Ans. En effet, la région a été très étroitement impliquée dans des luttes qui avaient déjà commencé près de trois siècles avant la guerre de Cent Ans. En 1152, Aliénor d’Aquitaine, divorçait d’avec Louis VII roi de France qu’elle avait épousé en 1137 pour se remarier deux ans plus tard avec Henri II Plantagenêt, comte d’Anjou, et futur roi d’Angleterre. Les luttes qui s’ensuivirent trouvèrent provisoirement leur conclusion dans le rattachement dans un premier temps du Poitou à la couronne de France. C’est une étape importante dans l’histoire de la langue puisque le français devient alors la langue de la chancellerie.
Le Guide du Pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle, écrit au XIIe siècle, distingue bien le saintongeais[256]. Il faut comprendre dans ce contexte que le saintongeais était alors de l'occitan (et non pas le saintongeais actuel), et qu'on le distinguait du français, en cheminant du nord au sud.
Après la mort de Louis IX, la guerre reprit de plus belle. Poitiers devient pendant un temps la capitale de la France sous Charles VII. La Saintonge et l'Angoumois deviennent un des champs de bataille en raison de leur proximité avec la Guyenne, ces provinces étant tenues par les Anglo-aquitains. Les guerres qui s’y sont déroulées furent particulièrement meurtrières. À ces ravages s’ajoutèrent ceux d’épidémies de pestes répétées, dont la peste noire de 1349. Après la fin de la guerre marquée par la défaite des Anglo-Aquitains à Castillon (Gironde) en 1453, la population de la région était décimée à 90 %. Il a été fait appel de manière massive à des populations francophones (parlant la langue d’oïl) venus de régions plus au nord pour la repeupler (Poitou, Anjou, ...). C’est ainsi que s’explique, semble-t-il, l’absence de tout parler intermédiaire entre langue d’oïl et langue d’oc en Saintonge.
Il s’avère que dès le début du XIIIe siècle certains documents de Saintonge (ex. Le coutumier d'Oléron[257]), et ceux d'Aunis (ex. « Le Terrier du Grand fief d'Aunis »[258]) et du Poitou (ex. : « Le vieux coutumier du Poitou »[259]) étaient déjà écrits dans une langue d'oïl, qui malgré la francisation à l'écrit, montrait déjà les principaux traits du poitevin et du saintongeais. Mais à la même époque des documents de la Saintonge centrale (ex. « Charte du Mas Verlaine près de Barbezieux »[260]), ou du sud-est du Poitou (ex. : « Les Coutumes de Charroux »[261]) étaient dans une langue portant la marque de l'occitan.
Occitan cispyrénéen †
[modifier | modifier le code]L'occitan cispyrénéen était un dialecte parlé au sud des Pyrénées pendant le Moyen Âge. Il était proche du gascon.[réf. nécessaire]
Judéo-gascon †
[modifier | modifier le code]Le judéo-gascon désigne le sociolecte d'occitan gascon utilisé par des Israélites de Gascogne juifs, nouveaux chrétiens ou rejudaïsés[262].
Judéo-provençal †
[modifier | modifier le code]Le judéo-provençal désigne les formes d'occitan provençal utilisées à l'oral et à l'écrit par les juifs, en particulier dans le Comtat Venaissin. Les Juifs provençaux parlaient provençal comme leurs compatriotes chrétiens, mais avec une prononciation et un lexique particuliers[263]. On appelle aussi judéo-provençal l'occitan écrit à l'aide de l’alphabet hébreu[264].
Caló occitan †
[modifier | modifier le code]Le caló occitan était parlé par des populations roms habitant l'Occitanie. Ce n'était pas un dialecte de l'occitan mais une langue intermédiaire entre le romani et celle-ci.
Langue sifflée pyrénéenne †
[modifier | modifier le code]Les habitants d'Aas (Béarn) avaient l'habitude de communiquer en sifflant d'un flanc de vallée à un autre. Ce langage sifflé est à base d'occitan gascon. L'apparition de nouvelles techniques de communication fit disparaître ce langage devenu obsolète. Abandonné dans l'usage quotidien, le gascon sifflé est tout de même enseigné en milieu scolaire et bénéficie d'un nouvel élan depuis plusieurs années[265],[266].
Catalan
[modifier | modifier le code]Zones interférentielles
[modifier | modifier le code]Zones interférentielles intra-occitan
[modifier | modifier le code]La zone interférentielle entre le gascon, le limousin et le languedocien se trouve à cheval entre la Gironde et la Dordogne ; elle recouvre l'est du Libournais, le pays de Pellegrue et de Sainte-Foy-la-Grande, l'ouest du Bergeracois. « Il faisait » : fasè (est Libournais) / fesèva (pays de Pellegrue) / fasiá (languedocien de référence) / hasèva (Entre-deux-Mers central) / hadèva (Entre-deux-Mers occidental) Dans cette zone interférentielle, on dit par exemple « dau » [dɔw] pour « du » (« del » en languedocien), ce qui se rapproche du limousin ; de même, la lettre v se prononce [v] ([b] en languedocien). Un trait important est la non-prononciation des consonnes finales : [pika'ta], [fur'mi]... On trouve aussi « dei » pour « des » (« daus » en bordelais, « dels » en languedocien de référence).
Interférences ou transitions avec d'autres langues
[modifier | modifier le code]- Parlers de transition entre l’occitan et le français. À l’extrême nord, l’occitan de la zone du Croissant a reçu de fortes influences du français, mais les traits occitans y restent dominants[267] : cela concerne le nord de la Marche (La Souterraine) et le sud du Bourbonnais (Montluçon, Vichy)[268]. Le poitevin-saintongeais, considéré comme parler d'oïl possède des caractéristiques intermédiaires propres à l'occitan dû à l'effacement de la langue dans cette région.
- Au nord-est, les zones intermédiaires entre le franço-provençal et l’occitan ont été francisées : Lyonnais, le Forez et le Dauphiné septentrional. Le romanais, parlé autour de Romans-sur-Isère est un occitan de transition vers le francoprovençal. Les zones voisines connaissent des phénomènes de transition plus larges.
- Au sud-ouest, l’arrivée récente de populations basques dans la communauté de Bayonne, Biarritz, Anglet a modifié l’usage linguistique, sans toutefois faire disparaître la communauté occitanophone. La zone gasconne charnègue connaît un bilinguisme ancien entre l'occitan et le basque.
- Les communes des Bas Fenouillèdes (partie orientale des Fenouillèdes) et du Peyrepertusès parlent un occitan avec une forte influence catalane. À Vingrau et Tarerach est utilisé du catalan de transition vers l’occitan. Dans la vallée de Capcir est parlé du catalan septentrional, distinct du roussillonnais général, de transition vers l’occitan: le capcinois.
- Le bénasquais est un parler de transition entre l’aragonais et le catalan avec des éléments de gascon.
- Au sud-est, l’arrivée massive de populations liguriennes à Monaco a réduit l’importance de la communauté occitanophone, sans toutefois la faire disparaître[2]. Monaco connaît un bilinguisme ancien entre l'occitan et le ligure. L’occitan peut y être appelé occitan monégasque ou monéguier et on le distingue du ligure monégasque.
- À l’est, dans les Vallées occitanes du Piémont (Italie), l’usage de l’occitan vivaro-alpin a mieux résisté dans les hautes vallées. Les basses vallées connaissaient une coexistence entre l’occitan, traditionnel, et le piémontais, arrivé récemment. Une zone dite de l’occitan gris a été piémontisée et réoccitanisée. En dehors de cette superposition récente, la limite entre les vallées alpines et la plaine du Pô coïncide avec des frontières linguistiques traditionnelles délimitant l’occitan par rapport aux dialectes nord-italiens.
- À l’est, il existe une zone de transition entre l’occitan et le ligure. Le royasque (incluant le brigasque) est considéré comme du ligure, mais deux communes brigasques d’Italie ont demandé à être classées dans la zone de l’occitan.
Enclaves linguistiques
[modifier | modifier le code]- Guardia Piemontese en Calabre.
- Saint-Eutrope (Charente) (éteint depuis le 19è siècle)
- L'occitan parlé dans les villages vaudois du Wurtemberg, du Bade et de la Hesse (Allemagne) s'est éteint dans la première moitié du XXe siècle.
- On a parlé gascon à Pasaia et ailleurs au Pays basque jusque vers 1928.
La langue et ses atouts
[modifier | modifier le code]La langue occitane est officiellement reconnue en Catalogne par la Généralité de Catalogne. De ce fait, elle est la cinquième langue constitutionnelle de l'Espagne.
La compréhension de l'occitan est aisée en Catalogne même en dehors de la zone occitanophone (Val d'Aran). L'occitan et le catalan sont deux langues issues de l'ancien occitan. Le catalan s'est détaché de l'occitan en raison de faits sociolinguistes qui résultent de la montée du nationalisme catalan.
Le magazine Géo[269] affirme que la littérature anglo-américaine peut être traduite plus facilement en occitan qu’en français[270]. Outre une syntaxe souple, l'occitan possède un vocabulaire diversifié et précis. Celui-ci peut facilement s'adapter selon les besoins soit par une dynamique interne propre à la langue soit par l'emprunt aux langues classiques ou modernes, notamment aux autres langues romanes entre lesquelles elle est un pont linguistique.
La connaissance de l'occitan permet de donner un sens à la toponymie, aux mots, aux expressions ainsi qu'aux noms de familles. C'est un avantage historique, patrimonial, culturel mais aussi touristique.
Syntaxe
[modifier | modifier le code]Selon Robert Lafont, la phrase occitane diverge par sa souplesse du français[271]. La syntaxe occitane a été notamment étudiée par Louis Piat, par Jules Ronjat et par Paul Gayraud.
Lexique
[modifier | modifier le code]Le dictionnaire d’occitan usuel comporte environ 50 000 à 60 000 mots, comme pour le français, mais on a aussi pu avancer des chiffres aussi élevés que 450 000 mots[269], ce qui est donné comme comparable à l’anglais[272].
On peut citer la diversité et la précision du vocabulaire occitan, parfois très prolifique en particulier dans la description de la nature et de la vie rurale. Ainsi, il existe 128 synonymes pour signifier l’idée d’une terre cultivée, 62 pour marécages, 75 pour désigner un éclair[269]. La richesse du vocabulaire lié à la vie pendant la période d’industrialisation est moins importante que celle des périodes précédentes. Récemment, un effort particulier a été fait pour développer le vocabulaire (souvent scientifique et technologique) propre aux langues modernes[273].
Quelques exemples de vocabulaire autour de « terre » :
- tèrra = terre
- terrum = terre (terme générique)
- pisat = terre battue
- caucina = terre calcaire
- cobrida = terre ensemencée
- eissartada = terre essartée
- terrilha = terre fine
- pastassinhòla = terre glaise / terre pétrie
- molièra = terre humide
- terrigòla = terre improductive
- racisa = terre inculte
- terrigòla = terre légère
- banheca = terre marécageuse
- terramaire = terre nourricière
- esterrenal = terre pierreuse
- bolbena = terre sablo-argileuse
- savèl = terre sablonneuse
- sansoira = terre saline
- crauca = terre stérile
- terrejada = terre transportée
- moluja = terre humide
- terrenc, terrenca = en terre (adj.)
- paganiá = terre des païens
- terrut, terruda = à terre épaisse (adj.)
- terral, terrala = de terre (adj.)
- sansoirós, sansoirosa = de terre saline (adj.)
- bravenca = terre argileuse et forte (adj.)
- parrana = terre de peu de valeur
- artigal = terre entre deux cours d'eau
- blancairàs = terre forte et limoneuse
- gramenièra = terre infestée de chiendent
- aterriment = réduction en terre (fait)
Quelques exemples de vocabulaire autour de « femme » :
- femna = femme (être humain du sexe féminin)
- molhèr = femme (épouse, féminin de mari)
- femelalha = femmes (terme générique péjoratif)
- femnarèla = petite femme
- femnaron = petite femme
- femnassa = grosse femme
- femnassièr, femnassièra = coureur, coureuse
- femnatge = mauvaise femme
- femneta = femmelette ou petite femme
- femnicon = petite femme
- femnil = petite femme
- femnòta = petite femme
- pandorga = grosse femme (familier)
- trantís = femme active
- baronda = femme dégourdie
- escamandre = femme effrontée
- sirpa = femme méchante
- vesiadèla = femme mignarde
- cabàs = femme négligée
- tònca = femme stupide
- tibèrja = femme timbrée (familier)
- pargamèla = vieille femme
- capitolessa = femme de capitoul
- cambrièra = femme de chambre
- bracièra = femme de peine
- panturla = femme de mauvaise vie
- popardièra = femme à gros seins
- tetinarda = femme à gros seins (familier)
- monharra = femme bourrue et renfrognée
- joanassa = femme grande et grosse
- borrombau = femme grosse et maussade
- boldoiràs = femme grosse et sale
- furbèc = femme effrontée et grande gueule
- tindon = femme querelleuse et criarde
- capitanessa = femme qui dirige
- afemeliment ⇒ le fait de s'adonner aux femmes
- s'afemelir = s'adonner aux femmes (verbe)
La richesse lexicale de l'occitan provient de plusieurs particularismes, parfois partagés avec d'autres langues. On peut attribuer cela à plusieurs phénomènes :
- L’occitan est composé de dialectes faisant partie intégrante de la langue et dont chacun possède son lexique propre[274].
- Chaque dialecte de l'occitan possède plusieurs étymons pour désigner ou qualifier un même sujet.
- Exemples en alpin :
- abîmer (v) : degalhar, escagassar, gastar, esquintar, estraçar, petafinar, abimar, abismar, maganhar, cachar
- abondamment (adv) : abondament, abondosament, fòrça, a bodre, a refolaa, a ragís.
- accroupir (s') (v) : s'ajassar, s'acocolar, s’acoconar, s'acaptar, s'agrovar, s’acratar, s’acatar, s’agrobilhar
- cligner (v) : guinhar, guinchar, clucar, parpelejar, clinhar.
- confusion (nf) : confusion, mescladissa (nf) ; pastís, mescladís, borrolís, embolh, barrejadís (nm).
- connaissance (nf) : coneissença, conoissença, sabença (nf) ; saber (nm).
- élection (nf) : eleccion, votacion, chausia (nf) ; votament (nm).
- enfant (n) : mainaa (nf) ; dròlle, enfant, pechon (nm).
- entendre (audition) (v) : entendre, auvir, ausir ; aurelhar
- entendre (compréhension) (nf) : entendre, capir, comprendre.
- mariage (nm) : mariatge, matrimòni, mariament, esposament.
- peu (adv) : pauc, gaire, pas gaire.
- un peu (nm) : brison, bresilhon, bricalhon
- pharynx (nm) : empassaire, farinx (nm) ; gargamela (nf).
- ranimer (v) : reviscolar, reviudar, avivar, requinquilhar, respelir.
- rappeler (se) (v) : se remembrar, se ramentar, se recordar, se sovenir.
- science (nf) : sciénçia, sciença, sapiéncia, sabença, sabentat, sapientat.
- scintiller (v) : trelusir, belujar, beluar, belugar, beluguejar, lampejar, dardalhar.
- timidement (adv) : timidament, crentosament, vergonhosament.
- toujours (adv) : totjorn, sempre, tostemps, de lònga.
- tournoiement (nm) : tornejament, virament, remolin, molinatge, molinet (nm) ; virolaa (nf).
- Vénus (planète) (nf) : Venús, Magalona.
- verrouiller (v) : barrar, barronar, verrolhar, ferrolhar, pestelar.
- Exemples en auvergnat :
- maseda / fournigo, formiga = fourmi
- rot / alassat / rendiut = épuisé
- belèt / febrié = février
- bisa / nòrd = nord
- latz de levant / èst = est
- costat de nèu / oèst = ouest
- dempeusnimens / çaquedelai, çaquela = pourtant
- cujar + infinitif / aver mancat de = avoir manqué
- cira / nèu = neige
- ampoan, ampòn / gèrd / fragousto = framboise
- truc / puèch = puy
- tapar, atapar / prine, prindre / préne = prend
- cute / grapald, grapaud = crapaud
- Exemples en languedocien :
- lapin / conilh = lapin
- dangier / perilh = danger
- òrt / jardin = jardin
- sagita / flecha = flèche
- Exemples en alpin :
- L'usage fréquent d'affixes pour modifier le sens des mots. Par exemple :
- can, gos (chien) – canhòt, gosset (jeune chien, chiot) – canhàs (énorme chien)
- gat (chat) – gaton (chaton) – gatonet (tout petit chat) – gatoneton (encore plus petit) – gatàs (gros chat) – gatonàs (vilain petit chat) – gatonetàs (vilain petit chat, plus fort)
- femna (femme) – femnòta (petite femme) – femnassa (grosse femme)
- filha (fille) – filhòta (petite fille) – filhetassa (petite fille laide ou grosse)
- ostal (maison) – ostaleton (petite maison) – ostalàs (grande maison laide)
- pichon (petit) – pichonèl (tout petit) – pichoneta (petite affectif) – pichonetàs(petit et mal fait)
- Parfois un masculin et un féminin identiques ont deux sens différents :
- sòm (sommeil) lo sòm (le somme) – synonyme : la dormida ; et : la sòm (l’envie de dormir), ai sòm (j’ai envie de dormir)
- Souvent l'utilisation du féminin est augmentatif :
- lo cotèl = le couteau ; la cotèla = le grand couteau de cuisine
- lo culhièr = la cuillère ; la culhièra = la cuillère à sauce
- lo lençòl = le drap ; la lençòla = le grand drap pour charrier de la paille, etc.
- lo molin = le moulin ; la molina = le gros moulin (à eau)
- lo ròc = le rocher ; la ròca = le gros rocher
- lo sac = le sac ; la saca = le grand sac
- lo topin = le pot de terre ; la topina = le grand pot de terre
- Parfois, le féminin est collectif :
- lo frut, lo fruch = le fruit ; la fruta, la frucha = les fruits (d’une récolte)
- lo ram = la branche ; la rama = la ramée (le feuillage)
- Parfois le féminin donne un autre sens :
- un òs = un os ; l’òssa = l’ossature, la charpente osseuse
- un persèc = une pêche (dont le noyau est attaché à la chair) ; una persèga = une pêche (dont le noyau se détache seul). Ce sont des variétés différentes de pêches.
- lo teule = la tuile ; la teula = la brique
- L'utilisation fréquente de suffixes permet de constituer des verbes à partir de noms ou d'adjectifs. Par exemple, le suffixe -ejar est très utilisé pour exprimer l’action.
- larsenejar = créer un effet Larsen
- barranquejar = pratiquer le canyoning[275]
- lampejar (basé sur le mot lampe en occitan) = scintiller
- parpelejar (basé sur le mot paupière en occitan) = cligner
- L'occitan possède des mots véhiculant des concepts et des idées spécifiques, parfois difficilement traduisibles en d'autres langues. Par exemple :
- biais de viure : l'expression n'a pas d'équivalent en français, mais on peut la rapprocher du « way of life » américain[276].
- bicabòcame : une très grande quantité de baisers.
- convivència : art de vivre ensemble dans le respect des différences en termes d’égalité[277].
- paratge : caractérise une société ouverte qui se veut égalitaire, où l'individu est respecté pour lui-même, tel qu'il est et sans recours à la force[278].
- trobar : faire des vers[279]. C'est trouver, inventer, mais aussi augmenter, ajouter à une forme préexistante[280].
- Dans la grammaire occitane, des mots peuvent être utilisés pour exprimer l'énonciation. Par exemple :
- què : dans une phrase affirmative.
- bè : dans une phrase exclamative (!) marquant la certitude, l'étonnement ou l'hésitation.
- hè bè : dans une phrase exclamative (!) exprimant la lassitude ou la déception.
- è : dans une phrase interrogative (?).
- è : dans une phrase exprimant un souhait.
Large bande de fréquence
[modifier | modifier le code]L’occitan prédisposerait aussi, selon les sources du magazine Géo, à l’apprentissage des langues étrangères. En effet, l’oreille humaine a la capacité d’entendre 20 000 hertz. Cependant, l’usage de la langue maternelle filtre et « déforme » les sons étrangers. Les personnes de langue maternelle française percevraient une bande de fréquence de 5 000 hertz selon le magazine[269] voire de moins de 2 000 hertz selon d'autres sources[281], tandis que les locuteurs maternels d'un dialecte occitan percevraient une bande de fréquence large d'au minimum 8 000 hertz [269].
Pont linguistique
[modifier | modifier le code]L’occitan est une langue romane centrale, ce qui facilite la compréhension des langues latines voisines : italien, espagnol, portugais… L’occitan est la langue romane qui a le plus de points communs avec les autres langues de la même famille. Ci-dessous, une comparaison du gascon (Bordeaux), du languedocien (Toulouse), du provençal (Marseille) et d’autres langues latines :
Latin | Français | Italien | Espagnol | Piémontais | Occitan septentrional | Occitan Gascon | Occitan Languedocien | Occitan Provençal | Catalan | Sicilien | Portugais | Roumain | Sarde | Corse | Franco provençal | Vénitien |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
clavis accusatif clavem | clef | chiave | llave clave | ciav | clau | chiavi | chave | cheie | crae | chjave chjavi | clâ | ciàve | ||||
nox accusatif noctem | nuit | notte | noche | neuit | nuech nueit | nueit, net | nuèch, nuèit, nuòch | nuech | nit | notti | noite | noapte | notte | notte notti | nuet | nòte |
cantare | chanter | cantare | cantar | canté | chantar | cantar | cantari | cantar | cânta | cantare | cantà | chantar | cantàr cantàre | |||
capra | chèvre | capra | cabra | crava | chabra, chaura | craba | cabra, craba | cabra | crapa | cabra | capră | cabra | capra | cabra chiévra | cavara | |
lingua | langue | lingua | lengua | lenga | lenga, linga | lenga | llengua | lingua | língua | limbă | limba | lingua | lenga | léngoa | ||
platea | place | piazza | plaza | piassa | plaça | chiazza | praça | piaţă | pratza, pratha | piazza | place | piàsa piassa | ||||
pons accusatif pontem | pont | ponte | puente | pont | pont | pònt | pont | punti | ponte | pod, punte | ponte | ponte ponti | pont | pont ponte | ||
ecclesia | église | chiesa | iglesia | gesia (cesa) | esgleisa, gleisa | glèisa | glèisa, glèia | església | chiesa | igreja | biserică (basilica) | creia, cresia | ghjesgia | églésé | ciéxa | |
hospitalis | hôpital | ospedale | hospital | ospidal | espitau, espital | espitau | espital, espitau | espitau | hospital | spitali | hospital | spital | ispidale | spedale uspidali | hèpetâl | ospeda£e ospedal |
caseus bas latin formaticum | fromage | formaggio | queso | formagg | formatge fromatge | hormatge | formatge | fromatge | formatge | furmaggiu | queijo | caş/brânză | casu | casgiu | tôma fromâjo | fromaio |
Influences de l'occitan sur d'autres langues
[modifier | modifier le code]La maîtrise de l’occitan entraîne un accroissement de la faculté de parler avec un langage varié en français, tout comme dans d’autres langues romanes.
Le français, notamment, a emprunté de nombreux mots d’origine occitane. Cependant, certains dictionnaires français sont mal renseignés au sujet de l’occitan. Ils peuvent se tromper d’origine ou de date d’apparition des termes. En fait, il ne faut pas oublier que l’occitan a servi de zone linguistique de transmission de termes venus du Sud de l’Europe ou du Maghreb. L’italien et le castillan, par exemple, ont fourni nombre de leurs mots au français en passant par l’occitan. Or, certains dictionnaires ne signalent que la langue-source en dernière analyse et non la langue à laquelle le mot a été emprunté. Les dictionnaires plus récents ou universitaires (Grand Robert, Trésor de la langue française) sont relativement à l’abri de ces erreurs. À l’heure actuelle, certains mots occitans permettent de comprendre des mots en français dans un registre populaire, familier, commun ou bien relevé : abelha > abeille, balada > ballade. On peut aussi noter la présence de mots de création occitane ou dont la forme occitane est à l’origine des mots en français : cocagne, flageolet, gabarit, mascotte, soubresaut, etc. De nombreux mots d'origine occitane ont été introduits au XVIe siècle dans le français par les auteurs de la Renaissance. Malgré une sévère entreprise d'épuration qui eut lieu au XVIIe siècle, il en reste encore beaucoup comme: auberge, badaud, bouquet, cadenas, caserne, daurade, escalier, girolle, luzerne, triolet[282]...
L'alphabet portugais fut créé sur la base de l'alphabet occitan. Il ne comprend que 23 lettres latines : le K, le W et le Y n'existent pas, sauf dans les mots d'origine étrangère. Les digrammes occitans « nh » et « lh » sont toujours utilisés aujourd'hui[283]. Ils ont été adoptés en portugais depuis le Moyen Âge en raison de l'influence de la langue des troubadours. D'une façon récente, ils ont été introduits dans la graphie romane de la langue vietnamienne.
Langue évolutive
[modifier | modifier le code]Tout comme dans les autres langues romanes, les emprunts au latin et au grec ancien permettent de créer de nouveaux mots très précis, par exemple pour un usage technologique ou scientifique. De plus, l’Académie de la langue catalane étant très active, l’emprunt direct au catalan est facile et rapide à réaliser, au détriment cependant d’une autonomie de la langue occitane face aux évolutions de la société.
D’un autre côté, l’écoute des néologismes d’occitanophones naturels permet aussi des évolutions en utilisant les ressources propres de la langue. Par exemple, pour le mot « parachutiste », on peut dire : un « paracaigudista » (catalanisme) ou un « paracasudista » (italianisme, de « paracadutista »). Tandis que certains occitanophones naturels disent : un « paracabussaire », du verbe « cabussar » qui veut dire : « plonger, tomber la tête la première ».
Contrairement à d'autres langues dépendantes d'apports extérieurs pour intégrer des concepts nouveaux, l'occitan peut se passer de l'importation directe de mots d'une autre langue telle que l'anglais. Par exemple : badge = escudet, business = gasanha, challenge = escomesa, fastfood = minjalèu, sex-toy = gadamissí, sticker = pegasolet, week-end = dimenjada, ...
Une caractéristique intéressante et utile de la langue occitane est sa capacité quasi infinie de créer de nouveaux mots grâce à un certain nombre de suffixes interchangeables et intégrables, donnant les conditions pour créer toute une gamme de nuances sémantiques. Prenons comme exemple cet extrait de La covisada (1923) de Henri Gilbert avec sa variété de diables : Diablassas, diablàs, diablassonassas, diablassonàs, diablassons, diablassonetas, diablassonetassons, diablassonets, diablassonetons, diables, diablonassas, diablonàs, diablonassonas, diablonassons, diablonassonets, diabletassas, diabletàs, diabletassonas, diabletassons, diabletassonets, diablons, diablets, diablonetassas, diablonetàs, diabletonassas, diabletonàs, diablonetassons, diabletonassons, diablonetassonets, diabletonassonets, diabletons, diablonets e diabletonets, totes correguèron darrèr la pòrta e se i ranquèron[284].
Une meilleure compréhension des territoires
[modifier | modifier le code]L'apprentissage de l'occitan favorise une meilleure lecture des territoires. Elle permet d'identifier rapidement les points d'intérêts culturels et touristiques et de leur donner un sens. Exemples:
- Sauvabòna (bonne forêt) : Sauvebonne à Hyères
- Sauvaclara (forêt claire) : Sauveclaire à Flayosc
- Vaumasca (vallée de la sorcière/magicienne) : Valmasque à Mougins, Valbonne, Tende
- Santa Bauma (Grotte Sainte) : Sainte Baume à Plan-d'Aups-Sainte-Baume, Estérel.
- Causse (plateau calcaire) : Les plateaux de Caussols et de Calern à Caussols
Une compréhension aisée en Catalogne
[modifier | modifier le code]L'occitan est une langue officielle dans toute la Catalogne, une des régions dynamiques de l'Espagne. Son développement est planifié dans les institutions publiques. Par ailleurs, c'est la langue autochtone du Val d'Aran, une zone montagnarde touristique. En 2008, 78.2 % de la population du Val d'Aran (originaire ou non du lieu) pouvait comprendre l'occitan[285].
L'occitan et le catalan sont deux langues issues de l'ancien occitan. Le catalan s'est détaché de l'occitan comme langue par élaboration en 1934 en raison de la montée du nationalisme catalan. Les Catalans ayant cherché à cultiver leur identité propre. Pourtant, en 1933, lors du Centenari de la Renaixença catalana (centenaire de la renaissance catalane), les poètes et nationalistes catalans considéraient encore les pays catalans comme pleinement intégrés aux pays d'oc[286]. En omettant les considérations purement sociolinguistiques et en se cantonnant aux réflexions des XIXe et XXe siècles, le catalan peut encore être considéré comme de l'occitan compris par un peu plus de 11 millions de personnes[287].
Usage public et professionnel
[modifier | modifier le code]En Catalogne, l'officialisation en 2006 de la langue occitane crée de nouvelles opportunités pour les personnes occitanophones. Les locuteurs d'occitan ont le droit d'utiliser leur langue avec l'administration catalane et toutes les lois du Parlement catalan sont publiées en aranais. Des études philologiques de la langue occitane et de contenus sur la réalité linguistique du territoire du Val d'Aran sont réalisées par le gouvernement catalan.
L'adoption de la loi sur l'aranais en 2010 fait que l'occitan doit être la « langue utilisée de manière générale dans le Val d'Aran » par les organismes publics, dans les établissements et programmes scolaires, à la télévision et à la radio. De plus, l'occitan est une langue restée d'usage courant dans le Val d'Aran.
En Italie, la loi de protection des minorités linguistiques historiques de 1999 permet aux habitants des 109 communes qui ont reconnu leur occitanité de bénéficier de facilités linguistiques en occitan. Son usage est autorisé dans lʼadministration, lʼenseignement et les médias. La loi permet:
- de recevoir l'enseignement dans cette langue ou comme matière d'enseignement. Ce qui nécessite la formation des enseignants.
- la possibilité d'emploi de l'occitan pour les membres des conseils de municipalité et des autres organismes de l'administration, ainsi que pour les conseillers des municipalités de montagne, des provinces et des régions.
- l'autorisation d'usage oral et écrit de la langue dans les municipalités ainsi que dans les bureaux de l'administration publique, à l'exclusion des forces armées et des forces de police de l'État.
- dans les procédures devant le juge de paix, l'usage de la langue est admis.
- les conseils municipaux peuvent délibérer sur l'adoption de toponymes conformes aux traditions et aux usages locaux.
- la reprise des noms de famille et des prénoms occitans qui ont été italianisés avant la date d'entrée en vigueur de la loi ou à qui on a interdit dans le passé de déclarer le nom de baptême dans leur langue. Cette disposition est transmissible aux descendants.
- les régions peuvent négocier des conventions avec la société concessionnaire du service public radiotélévisé pour des transmissions quotidiennes ou des programmes dans la langue.
- les régions, les provinces et les municipalités peuvent prévoir des mesures pour l'édition, les organes de presse et les sociétés émettrices de programmes radiotélévisés à caractère privé, ainsi que pour les associations reconnues qui visent la sauvegarde des minorités linguistiques.
- les régions et les provinces peuvent veiller à la création d'instituts destinés à la protection des traditions linguistiques et culturelles des populations, ou alors elles favorisent la constitution de sections autonomes des institutions culturelles locales déjà existantes.
- sous conditions de réciprocité et de conventions, l'État italien fait la promotion du développement des langues et des cultures des communautés minoritaires auprès des États étrangers. Un lien d'identité socioculturelle et linguistique doit être maintenu et développé avec les communautés à l'étranger.
En France, l'Office national d'information sur les enseignements et les professions (ONISEP)[288], en partenariat avec l’Office public de la langue occitane (OPLO), et le Centre régional de l’enseignement de l’occitan - académie de Montpellier (CREO Lengadòc), communiquent sur l'utilité de parler l'occitan comme facteur d'employabilité[289],[290]. « De plus en plus de métiers se développent autour de l’occitan et des nouveaux emplois se créent. Tous nécessitent cependant un bon niveau de culture générale et dans des domaines très variés. » En outre, les emplois nécessitants l'occitan sont difficilement délocalisables, la langue n'étant habituellement pas apprise par des personnes non-universitaires hors de l'Occitanie. La maîtrise de l'occitan est une clé de l'emploi dans plusieurs secteurs[291],[292]: la communication et la diffusion comme coordinateur de manifestations artistiques, libraire, journaliste en presse écrite ou radio ou télévision, chargé de mission dans les collectivités territoriales, chargé de communication...; l'enseignement et la formation; les métiers de la traduction et de la documentation: traducteur, documentaliste, bibliothécaire,...; la recherche,... On voit l'intérêt de pouvoir communiquer en occitan pour l'aide à la personne: dans le secteur médico-social avec les personnes âgées occitanophones d'origine ou les enfants élevés en langue maternelle occitane. Dans l'animation, on trouve des métiers comme animateur en accueil de loisirs (séjours de vacances, centres aérés), agent de développement de patrimoine oral, médiateur culturel, guide conférencier... Dans l'art et les professions artistiques, on peut être comédien, musicien, écrivain, chanteur…, dans la création audiovisuelle comme réalisateur..., dans la mode, etc.
Repères chronologiques
[modifier | modifier le code]- Du Ve au XIe siècle: Apparition progressive de termes, de phrases, voire de courts passages d'occitan dans des textes en latin (latin tardif ou proto-roman)[74].
- Vers 880 : manuscrit qui contient un court poème en latin de 15 vers avec notation musicale dont le refrain est en occitan. Cantalausa le décrit dans L'Aube bilingue comme le « tout premier joyau littéraire de notre langue »[74].
- Xe-XIe siècle : premiers textes littéraires en occitan « classique » : la Passion de Clermont (vers 950), le Poème sur Boèce (vers l'an 1000), les poésies religieuses de Saint-Martial de Limoges (XIe siècle), la Chanson de Sainte Foi (vers 1040)[35].
- XIe au XIIIe siècle : apogée de la poésie lyrique occitane.
- 1102 : Acte d'Ademar Ot, la plus ancienne charte utilisant exclusivement l'occitan comme langue d'écriture selon Clovis Brunel[74].
- 1229 et 1232 :Jacme Ier, roi d'Aragon, dit Jacques Ier d'Aragon en français, originaire de la seigneurie de Montpellier, conquiert les îles de Majorque et Ibiza ainsi que Valencia sur les musulmans Almohades, et écrit ses mémoires Llibre dels feits en occitan-catalan. Le catalan, non encore différencié de l’occitan médiéval, remplace la langue arabe comme langue officielle.
- Du XIIe au XIVe siècle : influence importante de la littérature occitane (en koinè) et des troubadours sur le catalan.
- 1240 : apparition du terme provençal qui fait allusion au grand territoire romain appelé Provincia Romana qui a couvert la Provence et le Languedoc[293].
- 1245 : Le pape Innocent IV déclare par une Bulle que l'occitan est une « langue hérétique » (azotica) et qu'il est interdit aux étudiants de l'utiliser[294].
- 1271 : Premiers textes en latin indiquant le terme « occitan » : sous les formes occitanus et lingua occitana, simultanément avec le territoire appelé Occitania[295].
- 1291 : premiers textes indiquant le terme de « langue d'oc »[295].
- 1303-1305 : diffusion du terme de « langue d'oc » à la suite de l'essai renommé De vulgari eloquentia de Dante Alighieri.
- 1323 : fondation du Consistori del Gay Saber et des Jeux Floraux à Toulouse.
- 1356 : promulgation à Toulouse des Leys d'Amors rédigées par le toulousain Guilhem Molinier (traité de grammaire & de rhétorique occitanes).
- 1492 : premier livre connu imprimé en occitan. Publication à Turin de Lo Compendion de l'Abaco, du Niçois Frances Pellos. Il s’agit d’un traité de mathématiques.
- 1539 : Promulgation de l’édit de Villers-Cotterêts; François Ier impose que la justice soit rendue et signifiée « en langage maternel français et non autrement », en opposition principalement à l'usage du latin.
- 1562 : obligation de l’usage écrit de l’italien par les notaires du comté de Nice.
- 1592-1627 : l'Inquisition italienne interdit aux communautés vaudoises de Calabre l'usage de l'occitan[296],[297].
- 1635 : établissement de l'Académie française qui aura pour but de « veiller sur la langue française ». Une des mesures prises pour « purifier » la langue française fut notamment d'y supprimer les occitanismes.
- 1756 : Parution à Nîmes du Dictionnaire languedocien-français contenant un recueil des principales fautes que commettent, dans la diction & dans la prononciation françoiſes, les habitants des provinces méridionales, connues autrefois sous la dénomination générale de la Langue-d’Oc, ouvrage où l’on donne avec l’explication de bien des termes de la langue romance, ou de l’ancien languedocien, celle de beaucoup de noms propres, autrefois noms communs de l’ancien langage de l'Abbé de Sauvages (1710-1795).
- 1765 : première publication de l’Istòria de Joan-l’an-pres de Jean-Baptiste Fabre.
- 1790 : lancement d'une vaste enquête sur les parlers de France (circulaire de l’abbé Grégoire sur les patois de France).
- 1793 : à la suite du coup de force qui met fin à l’hégémonie girondine, les Montagnards souhaitant être identifiés aux révolutionnaires jacobins se retrouvent seuls au pouvoir et mettront en place la première véritable politique linguistique visant à imposer le français dans tout l'État français, et dans tous les esprits révolutionnaires.
- 1794 : publication du rapport[298] de juin 1794 de l’abbé Grégoire qui révéla que le français était uniquement et « exclusivement » parlé dans « environ 15 départements » (sur 83), soit moins de 3 millions de Français sur 28 parlaient la langue nationale.
- 1802 : traduction en occitan d’Anacréon par Louis Aubanel.
- 1803 : Fabre d'Olivet (1765-1825), polygraphe cévenol, publie Le Troubadour, poésies occitaniques du XIIIe siècle (supercherie littéraire : l’auteur talentueux de ces textes « traduits », n’est autre que Fabre d’Olivet).
- 1819 : publication du Parnasse occitanien et d'un Essai d'un glossaire occitanien, pour servir à l'intelligence des poésies des troubadours, par Henri de Rochegude (1741-1834), ancien officier de marine et député à la Convention.
- 1831-1834 : publication des Mélanges occitaniques
- 1842 : Claude Fauriel (1172-1844) Histoire de la poésie provençale, cours fait à la faculté de lettres de Paris, 1847, La Poésie provençale en Italie, 1842-1843.
- 1842 : Histoire politique, religieuse et littéraire du Midi de la France par Jean-Bernard Mary-Lafon.
- 1840-1848 : publication par fascicules du Dictionnaire provençal-français (en fait pan-occitan) du docteur Honnorat (1783-1852).
- 1854 : fondation du Félibrige par sept primadiers, parmi lesquels Frédéric Mistral, Théodore Aubanel et Joseph Roumanille.
- 25 mars 1858 : Bernadette Soubirous affirme que la Vierge Marie lui est apparue et s'est elle-même présentée ainsi en occitan, dans la grotte de Massabielle, à Lourdes : « Que soy era immaculada councepciou » écrit en graphie patoisante, en graphie classique « Que sòi era Immaculada Concepcion. » (« Je suis l'Immaculée Conception »)[299]. Jean-Paul II indiquera dans une homélie que cette déclaration vient confirmer le dogme de l'Immaculée Conception puisque « à Lourdes, [Marie] s’appela du nom que Dieu lui a donné de toute éternité; oui, de toute éternité, il la choisit avec ce nom et il la destina à être la Mère de son Fils, le Verbe éternel »[300].
- 1859 : publication de poésies patoises par Antoine Bigot à Nîmes (fables imitées de La Fontaine).
- 1859 : publication de Mirèio (Mireille), poème de Frédéric Mistral.
- 1876 : Charles de Tourtoulon publie son Étude sur la limite géographique de la langue d’oc et de la langue d’oïl (avec une carte) (1876), avec Octavien Bringier
- 1879 : Publication du Dictionnaire patois-français du département de l'Aveyron de l'abbé Aimé Vayssier
- 1883[301] : L'école laïque devient obligatoire pour tous en France. Le français est la seule langue enseignée et utilisée dans l'enseignement. L'occitan sous le terme de patois est fortement dévalorisé. Les écoliers apprennent que pour réussir, il faut bannir son usage.
- 1885 : publication de Lou Tresor dóu Felibrige, de Frédéric Mistral, dictionnaire provençal-français (en fait pan-occitan : le sous-titre indique expressément que l’ouvrage « embrasse les divers dialectes de la langue d’oc moderne »).
- 1895 : J. Roux, du Limousin, publie une Grammaire limousine dans laquelle il préconise une graphie proche de celle des troubadours.
- 1904 : Frédéric Mistral est sacré prix Nobel de littérature.
- 1919 : fondation de l’Escòla occitana.
- 1927 : fondation du Collège d'Occitanie par Estieu (1860-1939) et le Père Salvat, à l'Institut catholique de Toulouse.
- 1931 : la Catalogne retrouve un statut d’autonomie et soutient activement la langue occitane.
- 1934 : des intellectuels catalans proclament officiellement la séparation du catalan et de l’occitan.
- 1935 : publication de la Gramatica occitana segon los parlars lengadocians de Louis Alibert.
- 1941 : le régime de Vichy autorise l’enseignement des « langues dialectales » à dose homéopathique et sous forme d’alibi : « langues basque, bretonne, flamande, provençale » (l’occitan)[302]. Les langues ethniques officielles dans d’autres pays ne sont pas autorisées : corse (dialectes italiens), alémanique alsacien et langues franciques (dialectes allemands).
- 1943 : première chaire de languedocien à Toulouse.
- 1944 : abrogation des arrêtés Carcopino de 1941 sur l’enseignement public des «langues dialectales ».
- 1945 : fondation de l’Institut d'études occitanes (IEO), association culturelle qui a pour but le maintien et le développement de la langue et de la culture occitanes par la direction, l’harmonisation et la normalisation de tous les travaux qui concernent la culture occitane dans son ensemble.
- 1946 : l’Institut d’études occitanes (IEO), adopte ses statuts où il est précisé que c'est une association « née de la Résistance ». Cette mention apparaît toujours dans les statuts actuels[303].
- 1951 : la loi Deixonne autorise, à titre facultatif, l’enseignement de certaines langues régionales. C'est le premier texte de loi qui fasse officiellement référence à la « langue occitane » en France[304] (cette loi est aujourd’hui abrogée).
- 1959 : création du Parti nationaliste occitan (PNO) par François Fontan. C'est le premier parti politique occitaniste.
- 1972 : première université occitane d’été.
- 1975 : loi Haby (France) qui, dans son article 12, affirme qu’« Un enseignement des langues et des cultures régionales peut être dispensé tout au long de la scolarité ».
- 1975 : loi Bas-Lauriol (France) : l’emploi de la langue française est obligatoire (au détriment de l’occitan notamment) pour les éléments relatifs aux biens et services : offre, présentation, publicité, mode d’emploi ou d’utilisation, l’étendue et les conditions de garantie, ainsi que dans les factures et quittances. Les mêmes règles s’appliquent à toutes informations ou présentations de programmes de radiodiffusion et de télévision (cette loi est aujourd’hui abrogée).
- 1979 : création de la première école Calandreta à Pau.
- 1987 : fondation du Partit occitan qui est actuellement[C'est-à-dire ?] le parti occitaniste dominant en France.
- 1990 : l’occitan aranais est officiel sur le territoire du Val d'Aran, en Catalogne[305].
- 1992 : création du CAPES d’occitan-langue d’oc (concours de recrutement) et premiers paiements d’enseignants d’occitan (France).
- 1992 : modification de l’article 2 de la Constitution française : « La langue de la République est le français ».
- 1993 : projet de loi Tasca adopté par le gouvernement. Il ne fut pas présenté au Parlement à cause du changement de majorité. Toutefois la loi Toubon en a repris l’essentiel.
- 1994 : loi Toubon : la langue française est la seule langue en France (au détriment des autres) de l’enseignement, du travail, des échanges et des services publics. Il est précisé que cette loi ne s’oppose pas à l’usage des langues régionales de France, mais cette disposition est floue et ne constitue pas une protection réelle.
- 7 mai 1999 : la France signe la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires qui comprend des mesures touchant l'occitan.
- 1999 : le capoulié (président) du Félibrige et le président de l’IEO s’accordent sur le respect mutuel des deux graphies « mistralienne » et « classique »[306].
- 1999 : l’occitan fait partie des langues protégées par la loi sur les minorités linguistiques en Italie[307].
- 22 juin 2000 : abrogation de la loi Deixonne[308] qui a été remplacée par le Code de l'éducation. Toute référence directe à la langue occitane disparaît des textes légaux français.
- 2001 : décret no 345 du président de la République italienne du 2 mai 2001. C'est le règlement d'application de la loi du , no 482, portant sur les règles de protection des minorités linguistiques historiques[309].
- 2002 : Le Bureau européen pour les langues moins répandues (EBLUL) demande officiellement aux organisateurs des Jeux olympiques d’hiver qui se dérouleront à Turin en 2006 d’utiliser massivement l’occitan au cours de cette manifestation et même de le déclarer langue officielle de ces Jeux.
- 2003 : la Délégation générale à la langue française et aux langues de France tente de coordonner les mouvements d’oc afin de trouver un interlocuteur unique sur les questions d’aménagement linguistique.
- 5 décembre 2003 : le conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur a voté la résolution approuvant le principe de l'unité de l'occitan ou langue d'oc et que de fait le provençal en fait partie[310]. De plus, la région s'engage en faveur de cette langue[311].
- 2004 : réduction drastique du nombre de nouveaux postes d’enseignants d’occitan en France. En février 2004, le gouvernement a diminué le nombre de recrutement de professeurs enseignant l’occitan (diplômés du CAPES d’occitan). Cette diminution est la conséquence d’une réduction budgétaire. Le nombre de postes de CAPES d’occitan était de dix-sept (plus un en école privée) en 2002, treize en 2003 et de quatre postes pour 2004. Remy Pech, président de l’université Toulouse le Mirail a déclaré que c’est « en totale contradiction avec les objectifs de la décentralisation républicaine annoncée par le gouvernement ». Le Parti occitan considère alors qu'il s'agit d'« une liquidation programmée de l’enseignement de l’occitan ». Alain Rainal de la Fédération des enseignants de langue et culture d’oc (FELCO) parle de liquidation de l’enseignement de l’occitan et donc de liquidation de la langue occitane. En effet, les postes de CAPES diminuent de 30 % en moyenne ; le CAPES d’occitan diminue, lui, de 71 %. Selon lui, le gouvernement demande plus de solidarité aux plus pauvres, et demande moins aux plus riches. Il rajoute que les langues et cultures régionales, c’est quelque chose de très important, un patrimoine inestimable. Donc cela mérite de ne pas être baissé, mais au moins d’être laissé au niveau d’avant. M. Rainal rajoute : que cette nouvelle est inquiétante pour l’enseignement de l’occitan bilingue ou trilingue. Les parents d’élèves savent qu’il y a une possibilité de valoriser professionnellement cette connaissance acquise. Le nombre de postes au concours se réduisant, il faudra passer un concours pour seulement quatre postes. Cela crée une grande difficulté et n’accorde que peu de perspectives professionnelles[312].
- mars 2004 : la province de Turin communique sur le thème Occitan lenga e cultura olímpica[313],[314],[315],[316],[317].
- mars 2004 : journal TV en occitan sur BTV. La BTV (Barcelona Televisió) renommée Betevé, télévision publique de Barcelone, diffuse chaque semaine un journal télévisé en occitan appelé « Inf’òc ». Ces émissions de la télévision catalane sont tantôt en gascon, tantôt en languedocien. La zone de diffusion couvre Barcelone, bien entendu, mais aussi Gérone, Sant Cugat, Mataró. Le la chaîne met fin à ses émissions en occitan [318].
- juillet 2004 : Terminologie occitane et catalane commune sur des thèmes scientifiques ou techniques. Les catalans et les occitans travaillent ensemble sur la terminologie. C’est ce qui a été décidé en juillet lors d’une réunion dans le Val d’Aran. Une convention a été passée entre l’Institut d’estudis catalans, l’Institut d’études occitanes, le Conseil général d'Aran et Termcat pour publier des lexiques en 2005. Quatre lexiques ont été créés dans les domaines des mathématiques, de la biologie, de l’écologie, de l’internet et de la téléphonie mobile. Termcat (organisme chargé de travailler sur la terminologie du catalan) a proposé de mettre son travail à disposition. En effet, 90 % du lexique catalan est directement applicable à l’occitan. Ces lexiques, et ceux qui suivront, seront particulièrement utiles aux enseignants : de l’école primaire jusqu’au lycée, et même au-delà. Le dictionnaire en ligne est disponible depuis . La terminologie du secteur de la société de l'information est en occitan, catalan, espagnol, français et anglais[319].
- mars 2005 : Nouveau statut pour le Val d’Aran. Le Conseil général d'Aran a demandé un nouveau statut à la région de Catalogne en Espagne. Ce statut lui permettrait d’avoir des compétences propres afin de négocier des accords avec les régions occitanes de France. De plus, le conseil général gérerait lui-même les actions concernant la langue et la culture aranaises. Par ailleurs, une demande de coofficialité de l’occitan et du catalan dans toute la région a été formulée. Ceci aurait pour conséquence de faire reconnaître l’occitan comme une des langues officielles de l’Espagne. Le 30 septembre 2005, le parlement catalan a adopté à la majorité absolue le projet de nouveau statut d’autonomie de la Catalogne. Le nouveau statut reconnaît dans son article 9.5 l’officialité (dans toute la Catalogne) de « la langue occitane, dite aranès dans le Val d’Aran ». La reconnaissance de Val d’Aran dans le Statut aussi a été soutenu par les partis ERC et ICV-EUiA, alors que le PP Catalan était partisan de reconnaître dans le Statut la singularité d’Aran, mais en aucun cas de se référer à ce territoire comme une « réalité nationale occitane ». Le projet a reçu l’aval de Madrid pour que ce statut devienne loi. Le parlement espagnol avait notamment supprimé le terme « nation » de l’article premier pour qualifier la Catalogne. Certains politiciens espagnols considèrent que le projet de nouveau statut est un pas vers la division de l’État et qu’il n’est donc pas conforme à la Constitution.
- : adoption à l’unanimité du schéma d’aménagement linguistique « iniciativa » en faveur de la langue béarnaise/gasconne/occitane dans le département des Pyrénées-Atlantiques[320].
- : manifestation de plus de 12 000 personnes à Carcassonne pour la reconnaissance de la langue.
- 2006 : L’occitan a le statut de langue coofficielle des Jeux olympiques d’hiver de Turin (anglais, français, italien et occitan). Les Jeux olympiques d'hiver 2006 de Turin se sont déroulés aussi dans des vallées occitanes du Piémont. La « Chambra d’Òc » ainsi que les institutions politiques de la province de Turin, les communautés de montagne (Val Pelis, Val Cluson, haute val Susa) et la commune de Bardonèche avaient demandé que l’occitan fasse partie des langues officielles des Jeux. Il y a eu des manifestations publiques comme la présentation du festival de Rodez, des informations sur l’occitan dans la province de Turin[321], les mots de neige et de glace (Petit dictionnaire des sports d’hiver)[322], les langues-mères des vallées olympiques: Occitan, Francoprovençal, Français[323].
- : le conseil régional de Languedoc-Roussillon vote le « Projet Occitan » à la suite de « la Consulta Regionala » (vaste consultation des acteurs de la langue occitane sur le territoire Régional). C'est un engagement fort de la Région pour soutenir les forces vives de l'occitan dans les domaines de la langue, la culture et la société. C'est aussi le lancement d'une manifestation occitane et catalane « Total Festum » créée autour des feux de la Saint-Jean.
- , l’occitan est inscrit comme langue coofficielle de toute la Catalogne dans le statut d'autonomie de la région[324] à la suite du référendum largement approuvé par la population catalane. Le référendum concernant le nouveau statut pour la Catalogne est largement approuvé par la population catalane : plus de 70 % de votes favorables. Trois partis avaient appelé à voter « oui » : le Parti socialiste catalan (PSC, à la tête du gouvernement régional), les communistes et les verts d’Iniciativa per Catalunya (ICV, membre de la coalition gouvernementale) et les démocrates-chrétiens de Convergencia i Unio (CiU). Les républicains indépendantistes catalans d’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) avaient appelé à voter « non », de même que le Parti populaire (PP, droite centralisatrice). Les premiers reprochent au nouveau statut de ne pas reconnaître la Catalogne comme « nation » et de ne pas donner totale autonomie à la région sur les impôts, sur les ports et les aéroports. Les seconds estiment que le texte accorde trop d’autogestion, notamment fiscale, à la Catalogne et qu’il est « anticonstitutionnel ». Le Statut donne l’officialité à l’aranais et considère le Val d’Aran « réalité occitane ». L’article 11, du nouveau statut dit : « Le peuple aranais exerce l’autogouvernement selon ce Statut par le Conselh Generau d’Aran (institution supérieure politique de la Val d’Aran) et les autres institutions propres ». Le second paragraphe annonce : « Les citoyens de Catalogne et ses institutions politiques reconnaissent Aran comme une réalité occitane fondée sur sa spécificité culturelle, historique, géographique et linguistique, défendue par les Aranais au fil des siècles ». « Ce Statut reconnaît, défend et respecte cette spécificité et reconnaît aussi Aran comme une entité territoriale singulière dans la Catalogne, qui est l’objet d’une protection particulière par le moyen d’un régime juridique spécial ». D’autre part, dans l’article 6, se référant aux langues de Catalogne, figure dans le nouveau Statut que « la langue occitane, appelée aranès en Aran, est la langue propre et officielle de ce territoire est aussi officielle en Catalogne, en accord avec ce qu’établit ce Statut et les lois de normalisation linguistique »[325].
- : Manifestation de plus de 20 000 personnes à Béziers pour la reconnaissance de la langue et la culture occitane.
- Juillet/août 2007 : La Généralité de Catalogne va créer un service pour développer l’officialité de l’occitan[326].
- : le conseil général du département des Pyrénées-Orientales a approuvé la « Charte en faveur du catalan » qui concerne aussi l'occitan.
- : inauguration à Toulouse de l'Ostal d'Occitània. Action culturelle et civique pour la promotion de la langue et la culture occitanes gérée par une fédération de 40 associations (aujourd'hui 60) réunies sous le nom de Convergéncia occitana.
- : le conseil régional Midi-Pyrénées adopte un Schéma régional de développement de l'occitan[327].
- 2008: Chambra d’Òc a lancé la campagne « Lenga d’òc Patrimòni Mondial de l’Umanitat » (Langue d'Oc - Patrimoine mondial de l'Humanité), afin d'inclure la langue et la culture occitane au sein du patrimoine culturel immatériel de l'Humanité de l'UNESCO. La campagne a reçu le soutien formel de la province de Turin (Italie), de la région Languedoc-Roussillon (France), du conseil général d'Aran (Espagne) et de plusieurs municipalités et de « comunitats montanas » (associations territoriales de régions de montagnes italiennes), d'associations culturelles et d'institutions universitaires[328]. Le 26 août 2008, le gouvernement du Piémont (Italie) a approuvé une «proposition de l'inclusion de la langue occitane sur la liste du patrimoine mondial »[329].
- Mai 2008 : Prosition pour que les langues régionales entrent dans la Constitution française. L'amendement est adopté par l’Assemblée nationale mais refusé par le Sénat à l’article 1 de la Constitution française qui précise que les langues régionales font partie du patrimoine de la République.
- : création de l’Académie de la langue occitane dans le Val d’Aran. L’Académie de la langue occitane est fondée par un acte solennel à Vielha. Cette académie a prévu de commencer ses travaux d’ici la fin de l’année 2008[330],[331]. Sa première fonction sera de renforcer l’unité de la langue occitane tout en respectant sa diversité[332].
- : Les langues régionales dans la constitution française. À la suite de la réunion du congrès à Versailles, la constitution française est modifiée pour introduire l'Article 75-1 dans la Constitution française: « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. » Le : décision du conseil constitutionnel (France) stipulant que l'article 75-1 de la loi constitutionnelle française, introduit en 2008, ne crée aucun droit pour les langues régionales[333].
- : Reconnaissance de l'occitan dans la région Rhône-Alpes À la suite d'un débat au conseil régional de la région Rhône-Alpes l'occitan est reconnu aux côtés du francoprovençal langue régionale de cette région. Le conseil régional de Rhône-Alpes vote une délibération Reconnaître, valoriser, promouvoir l'occitan et le francoprovençal, langues régionales de Rhône-Alpes